Quatorze ans après le bombardement d’une base des troupes françaises, trois personnes pourraient être renvoyées devant la cour d’assises de Paris.
 

Pilote d’avion de combat russe devenu mercenaire biélorusse, Yury Sushkin loue ses services au plus offrant. C’est ainsi que, en novembre 2004, il débarque en Côte d’Ivoire plongée dans la guerre opposant les forces du président Laurent Gbagbo à celles de la rébellion occupant la partie nord du pays et avec laquelle il est décidé à en découdre. Les services de renseignement français surveillent ces « gens de l’Est » stationnés sur l’aéroport de Yamoussoukro, la capitale ivoirienne. Ils prennent en photo ce quinquagénaire trapu au visage fermé qui s’affaire en tenue militaire autour de deux avions de combat Sukhoï Su-25 livrés le mois précédent à l’armée ivoirienne. Il pilote l’un d’entre eux, à basse altitude, le 6 novembre 2004.

A 13 h 10, ce jour-là, ces deux appareils bombardent une base des troupes françaises de la force « Licorne » établies dans l’enceinte du lycée René-Descartes de Bouaké, ville située au centre du pays. Neuf soldats périssent, ainsi qu’un civil américain. Quatorze ans plus tard, Yury Sushkin et deux autres pilotes ivoiriens pourraient être renvoyés devant la cour d’assises de Paris pour « avoir, avec préméditation, volontairement donné la mort ».

L’implication de M. Sushkin ne fait « aucun doute », peut-on lire dans le réquisitoire daté du 25 juin dont Le Monde a pris connaissance. Mais il n’a pas pu être entendu et ne se présentera sans doute jamais devant la justice. Il ne se cache pas mais reste introuvable. Les autorités françaises n’ont pas cru bon de l’interroger lorsqu’elles l’ont pu. C’était au lendemain de cette opération meurtrière.

Sur ordre du président Jacques Chirac, la réplique française sera « des tirs de longue distance » anéantissant les deux avions de retour sur le tarmac de l’aéroport de Yamassoukro, rapporte un haut responsable de l’armée française. Ce dernier précise, devant les enquêteurs ne pas avoir reçu la consigne de « neutraliser les pilotes

S/LemondeAfrique/AFRICSOL

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