«Pendez les Blancs», le chanteur originaire de Noisy-le-Grand (93) ne cache pas ses intentions criminelles. L'auteur d'un clip insoutenable, soutenu par Dieudonné, est convaincu que la population noire doit se révolter contre le «colonisateur». Le parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête à son encontre.

«Je rentre dans des crèches, j'tue des bébés blancs, attrapez-les vite et pendez leurs parents». Les paroles de Nick Conrad ne souffrent aucune ambiguïté. Interrogé par RTL, il explique que son morceau est une «fable» visant à inverser les positions des noirs et des blancs.

Intitulé PLB pour «Pendez les Blancs», son clip est un appel au meurtre doublé d'une incitation à la haine raciale. Agrémenté d'une vidéo mettant en scène l'humiliation et la mise à mort d'un homme blanc pendant dix longues minutes.

Dans ce clip tourné à Noisy-le-Grand, on voit ce rappeur âge de moins de trente ans et l'un de ses acolytes en train de torturer et de briser les dents d'un individu. Des images insoutenables. Filmé avec des moyens techniques importants, le clip a été produit par sa société qui répond au nom de «Pharaonicks».

Collomb exige le «retrait sans délai» d'un clip de rap - Regarder sur Figaro Live

 

Sur son compte Facebook, où des pages entières ont été supprimées très récemment, le rappeur ne cache pas ses opinions. «En France, l'Esprit des Renois est encore Colonisé. Je suis pas Français. Je suis Afro-Français», écrit le jeune homme d'origine camerounaise. Biberonné aux vidéos douteuses, il dénonce un complot anti-noir et appelle à la «mutinerie». «Les Afros, avec les combats et la douleur sauront au final s'auto-déterminer», affirme-t-il.

Avant de plonger dans l'histoire de l'Afrique pré-coloniale pour y trouver une transmission génétique qui ferait «la force de l'homme noir» . «Nous sommes tous des rois et des reines, ne l'oublions jamais», affirme-t-il. Son clip, publié le 17 septembre 2018, a d'ailleurs reçu instantanément le soutien de Dieudonné. Ce dernier a même adressé ses félicitations à Nick Conrad.

Du jazz à la haine raciale

C'est la première fois que le rappeur professe des idées si violentes. Originaire de la cité du Champy (considérée comme le supermarché du cannabis) à Noisy-le-Grand (93), il a grandi dans une famille camerounaise. C'est elle qui lui donne le goût de la musique, du jazz en particulier. D'après Mr Afropolitan , média qui soutient la ligne identitaire de Nick Conrad, il aurait grandi parmi des «intellectuels, aux traditions africaines bien ancrées, avec un père diplomate». Atteint dès l'enfance d'une maladie génétique, le futur rappeur aurait passé beaucoup de temps dans les hôpitaux. Plus tard, son admiration pour Miles Davis l'a poussé à étudier la trompette au conservatoire de Noisy. C'est en tout cas ce que l'on peut découvrir dans la notice qui lui est consacrée sur le réseau social professionnel Viadeo sous la plume d'une certaine «Sylvie Last».

Lancé dans la musique, aux croisements du hip-hop américain, du jazz et des influences traditionnelles camerounaises, il enchaîne les petites salles et les festivals de hip-hop. En 2010, on le voit sur le plateau de la chaîne France Ô interpréter Microphone master, sous le pseudo Nixon. Le clip de cette musique avait même été réalisé avec le concours de la mairie de Noisy-le-Grand. Bien loin des paroles de Pendez les Blancs, il y parle de la carrière dans la musique. Visiblement, le chanteur a opéré un changement radical de style. Et de pensée. Il arbore dorénavant un bandana autour de la tête et gonfle les muscles.

En 2015, il a sorti 130 cercueils, titre pour rendre hommage aux victimes du Bataclan. Il y dénonçait «la haine qui dicte le cœur des hommes». Le chanteur s'assimilait à une «panthère noire qui porte le parfum froid de l'Occident». Soutenu un temps par Musicast, le distributeur des rappeurs PNL ou Jul, ses clips ne récoltent que quelques milliers de vues.

Coup de buzz pervers ou fruit d'une terrible radicalisation, Pendez les Blancs est à l'origine d'un scandale sans précédent. Dans la classe politique, le député LR Éric Ciotti a exigé une peine «très lourde». Interpellée sur Twitter par Gilbert Collard du Rassemblement national, la LICRA (ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) a affirmé avoir porté plainte contre ce déluge de haine.

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb s'est indigné à son tour: «Je condamne sans réserve ces propos abjects et ces attaques ignominieuses. Mes services œuvrent au retrait sans délai des contenus diffusés.» La vidéo a été en effet retirée de YouTube mais elle est régulièrement remise en ligne par d'autres comptes...

S/FIGARO.FR/AFRICSOL

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