Célébrant sa distinction, marque de son pouvoir absolu, il éclipse l'anniversaire de l'indépendance du pays.

 

Deby a profité du soixantième anniversaire de l'indépendance du Tchad, le 11 août 2020, pour montrer "Urbi et Orbi" toute sa puissance et sa mégalomanie. Une cérémonie malgré tout limitée pour cause d'épidémie de Coronavirus. Il n'y a pas eu de défilé militaire.

Pour l'occasion il avait abandonné le treillis qu'il aime porter quand il endosse le rôle de chef de guerre. Cette fois Idriss Deby avait revêtu une cape bleue, brodée main au motif de feuilles de chêne dorées. Mêmes motifs pour la vareuse, précise le décret de six pages qui fixe les tenues du premier maréchal tchadien, explique Jeune Afrique.

(Le président tchadien Idriss Deby Itno a été distingué maréchal par le Parlement, le plus haut rang militaire du pays après avoir mené une offensive contre les jihadistes en avril.)

Ses adversaires politiques en ont profité pour rappeler que d'autres avant lui ont soulevé un bâton de maréchal : Bokassa, Amin Dada, Mobutu... La liste est loin d'être clause de dictateurs mégalomanes qui ont, malgré tout, mal fini.

Officiellement, c'est le parlement tchadien qui par un vote a élevé le chef de l'Etat à cette distinction suprême.
"Vous êtes une icône et un symbole pour le Tchad", a affirmé le président de l'Assemblée nationale, Haroun Kabadi.
Une procédure qui ne doit pas faire illusion. Le parti du président détient une large majorité dans l'Assemblée.

Chef de guerre

Force est de constater que l'image de chef de guerre d'Idriss Deby est loin d'être usurpée.

Le 23 mars 2020, Boko Haram attaquait un poste tchadien sur les rives du lac Tchad et tuait une centaine de soldats. Une humiliation pour Idriss Deby. Jamais son armée n'avait perdu autant d'hommes. Il ordonne alors une contre-offensive, se montre sur le terrain et l'armée tchadienne chasse les terroristes du secteur.

Et même si ce n'est que partie remise quant à la menace que fait peser Boko Haram, ce succès militaire a un grand écho. Deby vient de montrer que seul le Tchad peut combattre le terrorisme. "Le Tchad est seul à supporter tout le poids de la guerre contre Boko Haram", a-t-il déploré à l'issue de l'opération militaire.

Idriss Deby aime à rappeler qu'il est d'abord un soldat. C'est par les armes qu'il a accédé au pouvoir, qu'il détient depuis désormais 30 ans. Alors bien sûr il n'oublie pas d'associer l'armée à sa distinction."Je dédie cette dignité suprême à mes frères d'armes. C'est à eux que revient le mérite des faits d'armes qui est salué par le peuple."

L'opposition quant à elle ne peut que constater qu'Idriss Deby assoit un peu plus son pouvoir.

"Aujourd'hui, la fête de l'indépendance a été réduite à une simple cérémonie de prise d'arme", a regretté auprès de l'AFP Saleh Kebzabo, chef de fil historique de l'opposition et candidat malheureux à la présidentielle face à Idriss Deby.

S/FRANCEINFO/Africsol

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