Journée sous tension samedi à Paris: les forces de l'ordre ont dispersé dans la matinée plusieurs petits attroupements de personnes se revendiquant "gilets jaunes", notamment sur les Champs-Elysées, avant le coup d'envoi de marches pour le climat et contre la réforme des retraites.
A la mi-journée, cent six personnes avaient été interpellées, 43 placées en garde à vue et une centaine verbalisées dans les zones où il était interdit de manifester, selon la Préfecture de police et le parquet. Les forces de l'ordre ont pour mission d'intervenir rapidement dès que des attroupements se forment, a expliqué une source au sein de la PP. Quelque 7.500 membres des forces de l'ordre ont été mobilisés.
Des tirs de gaz lacrymogènes ont eu lieu dans le quartier des Champs-Elysées, où certains commerces étaient barricadés derrière des protections en bois. Il n'y avait pas eu de dégradation en milieu de journée, selon la PP.
La journée de mobilisation a démarré place de la Madeleine, où les forces de l'ordre, au dispositif musclé, ont dispersé environ 300 personnes qui tentaient de se rassembler à l'appel d'Attac et Solidaires, malgré l'interdiction formulée vendredi par la PP.
Des manifestants ont également été bloqués dans le quartier de la gare Saint-Lazare. Pour la première fois, pour cet acte 45 des "gilets jaunes", la plupart des manifestants se revendiquant de ce mouvement social né le 17 novembre 2018 ne portaient pas ce vêtement, jusque-là incontournable dans leurs cortèges.
C'est ensuite autour des Champs-Elysées que la situation s'est tendue, avec des charges des forces de l'ordre et des manifestants qui ont renversé poubelles et barrières. Des slogans antipolice et anticapitalistes ont été entendus. Là encore, chaque attroupement était encerclé et dispersé, selon un journaliste de l'AFP.
Aux "dispersez-vous" de la police, certains répondaient "Cassez-vous" ou "Tout le monde déteste la police".
"Nous sommes traités comme des criminels", s'est énervée Brigitte, militante écologiste. "On se rassemble juste pour dire qu'on n'arrive pas à vivre. C'est pas seulement contre un président mais contre un système" qu'on manifeste, dit pour sa part une femme en sweat à capuche sous couvert de l'anonymat.
- Touristes interloqués -
Les autorités craignent un retour des violences, comme au plus fort du mouvement des "gilets jaunes". Une source sécuritaire a ainsi évoqué des risques de "convergence" entre ces derniers et "black blocs qui veulent tout casser" mais aussi d'"infiltration" de la marche pour le climat prévue à 14H30.
Dans le quartier des Champs-Elysées quadrillé par les forces de l'ordre, des touristes interloqués se sont régulièrement retrouvés pris dans le flot des personnes dirigées par la police hors du périmètre.
Mais cette tension n'a pas empêché Parisiens et touristes de profiter des Journées du patrimoine, faisant la queue devant quelques-unes des institutions de la capitale. Certains, qui avaient réservé leur place, ont pu visiter le Palais de l'Elysées et profiter de ses jardins sous un soleil encore estival.
Par mesure de précaution, plusieurs monuments sont toutefois fermés, comme l'Arc de triomphe, sérieusement dégradé en décembre par des manifestants. Le ministère de l’Éducation nationale garde également portes closes.
Les appels de groupes "gilets jaunes" à monter sur la capitale s'étaient multipliés, certains faisant des ouvertures aux écolos qui entendent de leur côté maintenir la pression sur le gouvernement, au lendemain d'une "grève mondiale pour le climat" historique, même si la mobilisation n'a pas été énorme en France.
- Convergence ? -
"Cette journée est symbolique pour nous, pour la convergence des luttes entre le climat, les retraites", explique Eric, "gilet jaune" venu de Toulouse avec sa compagne, tous deux cadres. Ils iront dans l' après-midi à la marche pour le climat qui partira du jardin du Luxembourg en direction du parc de Bercy.
D'autres activistes écolos semblent en revanche plus circonspects, alors que le mouvement des "GJ" est morcelé et né d'un refus de l'augmentation des prix du carburant.
Les organisateurs espèrent dans tous les cas une forte mobilisation.
La capitale est également le théâtre d'une manifestation à partir de 13H30 contre la réforme des retraites à l'appel du syndicat FO.
"C'est bien que les gens s'expriment (...) il faut que cela puisse se faire dans le calme", a souhaité le président Emmanuel Macron vendredi.
S/AFP/Africsol
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