Debout et ruban blanc à la poitrine, le cinéma français a affiché vendredi sa mobilisation contre les violences sexistes ou sexuelles faites aux femmes lors de la 43e cérémonie des César, qui a commencé à récompenser les films "120 battements par minute" et "Au revoir là-haut", favoris.

"Je vous propose d'agir dès ce soir, de vous lever, de montrer vos rubans blancs, parce qu'effectivement, maintenant on agit", a déclaré le maître de cérémonie Manu Payet à l'adresse des invités dans la salle qui, debout, ont applaudi.

"Je trouve ça formidable que les mentalités soient en train de changer, que la parole des femmes soit en train de se libérer, et que les hommes entendent qu'il y a des comportements à bannir", a-t-il ajouté.

Réunis salle Pleyel à Paris, les 1700 invités, parmi lesquels la secrétaire d'Etat à l'égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa et la ministre de la Culture Françoise Nyssen, ont été conviés à arborer ce ruban afin de soutenir "celles et ceux qui oeuvrent concrètement pour qu'aucune femme n'ait plus jamais à dire #MeToo".

Vanessa Paradis ouvre la 43e cérémonie des César Salle Pleyel à Paris le 2 mars 2018

Plusieurs mois après l'onde de choc provoquée par l'affaire Weinstein, plus d'une centaine d'actrices et de personnalités, dont la présidente de cette cérémonie Vanessa Paradis, ont lancé la campagne #MaintenantOnAgit. Sur le modèle du mouvement Time's up à Hollywood, il doit financer des associations en faveur des femmes.

"C'est le signe d'un combat à mener. On progresse mais on est loin du compte", a déclaré la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avant la cérémonie.

Une seule femme, Julia Ducournau est en lice dans la catégorie de la meilleure réalisation pour son film "Grave", aux côtés de sept hommes. Dans l'histoire des César, une seule femme a remporté ce prix: Tonie Marshall en 2000.

La soirée, qui a débuté peu après 21H00 par un hommage à l'actrice Jeanne Moreau et salué également la mémoire de l'acteur Jean Rochefort et du chanteur et acteur Johnny Hallyday, tous trois décédés l'an dernier, a attribué de premières récompenses aux deux grands favoris, "120 battements par minute" et "Au Revoir là-haut".

- Dany Boon primé -

L'acteur argentin Nahuel Perez Biscayart reçoit l'oscar du meilleur espoir masculin, le 2 mars 2018 à Paris

Treize fois nommé, "120 battements par minute", fresque sur les années sida à travers le combat de l'association Act Up, a reçu quatre premières récompenses dont celle du meilleur espoir masculin pour l'acteur argentin Nahuel Perez Biscayart. Il a dédié son prix à Act Up.

Le film a également reçu les César du meilleur scénario, du meilleur montage de la meilleure musique.

Le César du meilleur espoir féminin a quant à lui été décerné à l'actrice et chanteuse Camélia Jordana, 25 ans, pour son rôle d'étudiante préparant un concours d'éloquence dans "Le Brio", d'Yvan Attal.

L'autre grand favori, "Au Revoir là-haut" d'Albert Dupontel, adaptation du prix Goncourt 2013 sur le destin de deux hommes pendant et après la Première Guerre mondiale, également nommé treize fois, a reçu trois premiers César (photo, décors et costumes).

Devant et derrière la caméra, Albert Dupontel - absent de la cérémonie - concourt dans la catégorie réalisateur, mais également acteur.

Il affrontera notamment Jean-Pierre Bacri, organisateur de mariage dans "Le sens de la fête" d'Olivier Nakache et Eric Toledano, Swann Arlaud, éleveur angoissé dans le premier film d'Hubert Charuel "Petit paysan" ou Louis Garrel dans la peau de Jean-Luc Godard dans "Le Redoutable".

Côté actrice, le vrai-faux biopic de Mathieu Amalric sur la chanteuse Barbara pourrait valoir une statuette à son interprète Jeanne Balibar, face à Charlotte Gainsbourg dans "La Promesse de l'aube" ou Karin Viard dans "Jalouse".

Souvent taxés d'élitisme et d'entre soi, ces 43e César ont aussi innové en remettant pour la première fois un prix au film ayant fait le plus d'entrées en salles en 2017: la comédie "Raid dingue" de Dany Boon.

"Je ne vous remercie pas, vous... mais je vous aime quand même", a lancé le comique, acteur et réalisateur à l'adresse des professionnels réunis dans la salle, avant de saluer "le public français, qui aime tous les cinémas et grâce à qui nous sommes réunis".

S/AFP/AFRIC'SOL

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