Le président congolais Joseph Kabila va dire dans les prochaines heures s'il respecte la Constitution et désigne un dauphin à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre en République démocratique du Congo, ou s'il passe outre à l'interdiction de se représenter après deux mandats.

Quel qu'il soit, le candidat de la majorité présidentielle doit déposer son dossier de candidature avant la date-limite mercredi à 15h30 GMT au siège de la commission électorale à Kinshasa. C'est en tous cas ce que prévoit le calendrier électoral.

Si le président en exercice s'engageait à quitter le pouvoir, ce serait une première dans l'histoire de la RDC, immense pays instable gorgé de ressources minérales, où les transitions se sont toujours écrites dans la violence, en 1965, en 1997 et en 2001.

"L'oiseau rare sera connu tôt le matin (mercredi), à l'aurore", a déclaré mardi soir le porte-parole du gouvernement Lambert Mende en sortant mardi soir d'une réunion autour du chef de l'Etat.

Il n'a pas précisé comment l'annonce serait faite aux médias et aux quelque 80 millions de Congolais.

Pendant cette réunion, M. Kabila, 47 ans, n'a donné aucune indication sur son avenir politique aux cadres de la coalition présidentielle Front commun pour le Congo (FCC).

- Possible dauphin -

Sur les réseaux sociaux, le nom de l'ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo revenait souvent comme possible dauphin.

Dans la matinée, la candidature d'un ancien soutien fervent du président Kabila, l'ex-ministre Tryphon Kin-Kiey Mulumba, a brouillé les pistes.

Deux fois ministre, M. Kin-Kiey avait lancé en 2014 l'association "Kabila Désir", pour "fédérer" les Congolais autour du président.

Il y a deux jours, il se demandait sur Twitter comment la désignation d'un "dauphin" "pourrait se faire sans frustrations nouvelles voire fracture au sein" de la majorité présidentielle. Un signe que le processus serait enclenché, selon des experts.

Dans l'attente du choix du président, l'opposant Félix Tshisekedi a déposé sa propre candidature mardi.

Deux autres adversaires du président Kabila ont fait de même les jours précédents: l'ex-chef rebelle Jean-Pierre Bemba et l'ex-président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe.

Tous trois envisagent à terme une candidature unique de l'opposition pour cette élection présidentielle à un tour.

Un autre opposant, Moïse Katumbi, originaire de l'est comme M. Kabila, a été empêché de rentrer en RDC en passant par la Zambie.

L'élection prévue le 23 décembre a été reportée à deux reprises.

Au pouvoir depuis l'assassinat de son père en 2001, élu en 2006, réélu dans la contestation en 2011, M. Kabila aurait dû quitter le pouvoir dès le 20 décembre 2016 à la fin de son deuxième mandat.

Un accord politique du 31 décembre 2016 lui a permis de rester au pouvoir moyennant des élections avant la fin 2017, finalement repoussées au 23 décembre.

Des journées de violences ont émaillé la crise politique congolaise liée au maintien du président Kabila (répression de septembre et décembre 206, répression des marches catholiques des 31 décembre, 21 janvier et 25 janvier).

Avec ses neuf frontières et ses 2,3 millions de km2, ses réserves de cobalt au Katanga et ses dizaines de groupes armés actifs au Kivu, la RDC intéresse bien au-delà de ses frontière. Sa stabilité représente un enjeu pour toute la sous-région.

Le président Kabila a pris soin de rendre visite à son homologue angolais Joao Lourenço à Luanda avant d'annoncer sa décision. Il a dépêché à Kigali ses chefs des renseignements civils et militaires auprès du président rwandais Paul Kagame.

Les Etats-Unis envisagent de nouvelles sanctions pour obliger M. Kabila à quitter le pouvoir, a écrit lundi le Financial Times, qui affirme qu'au moins un membre de sa famille a été victime d'une interdiction de visa en juin de la part de Washington.

S/AFP/AFRICSOL

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