Pour tenter de mettre en musique le déconfinement par région et par département, Edouard Philippe réunit mercredi préfets et élus locaux, pariant sur une reprise a minima de l'activité éducative, économique et sociale à compter du 11 mai.
"Nous allons devoir vivre avec le virus" a prévenu le Premier ministre en présentant mardi le plan de déconfinement du gouvernement à l'Assemblée nationale, qui l'a adopté par 368 voix pour et 100 contre.
Sa mise en oeuvre va faire l'objet d'un "travail de concertation et d'adaptation aux réalités de terrain" avec les responsables et élus locaux, mercredi et jeudi, a-t-il ajouté.
L'enjeu est de taille: relancer l'économie sans déclencher une deuxième flambée de l'épidémie. En 24 heures, le coronavirus a causé 367 nouveaux décès, portant le total à 23.660 morts depuis le 1er mars.
Mais la décrue se poursuit dans les services de réanimation, avec un solde net de 221 patients en moins, selon la Direction générale de la Santé (DGS). Seulement 153 nouveaux cas graves y ont été admis.
"Protéger les Français sans immobiliser la France", a résumé le chef du gouvernement en annonçant la fin des attestations. "Il sera à nouveau possible de circuler librement" jusqu'à 100 km du domicile et de se rassembler, en public et en privé mais à moins de dix personnes.
Il faut bien déconfiner pour éviter "le risque d'écroulement" de l'économie et de l'emploi, mais "progressivement, prudemment" et "si les conditions sont réunies" et que le nombre de cas et d'hospitalisations continue de baisser.
Et "si les indicateurs ne sont pas au rendez-vous, nous ne déconfinerons pas le 11 mai" ou alors "plus strictement", a prévenu M. Philippe.
Pour tout le monde, ni bar ni restaurant, ni cinéma, pas de festival ni de grande manifestation sportive au-delà de 5.000 personnes, et surtout pas de weekend à la plage. Pas de mariage non plus, de préférence, a-t-il averti.
- Départements en "vert" ou "rouge" -
La situation sanitaire sera de plus étudiée localement, département par département, différenciés en "vert" ou "rouge". Ainsi, 32 départements présentaient encore un excès de mortalité la semaine dernière (20-26 avril) dont deux, Seine-Saint-Denis et Val-d'Oise, en région parisienne, affichaient un "niveau exceptionnel" de mortalité – que la DGS ne précise pas.
Dans le meilleur des cas, le chef du gouvernement prévoit une première phase courant du 11 mai à début juin, suivie d'une deuxième "jusqu'à l'été", assorties de nombreuses exceptions.
Pour ce premier train de mesures, les parents pourront, s'ils le souhaitent, renvoyer les bébés en crèches (par groupes de dix maximum) et les enfants en maternelle et à l'école primaire dès le 11 mai.
Mais ce n'est qu'à partir du 18 mai, dans les départements peu infectés, que la réouverture des collèges sera envisagée, en commençant par les 6e et 5e. La suite ne pourra être considérée que fin mai notamment pour les lycées.
En revanche, tous les marchés alimentaires et les commerces pourront rouvrir leurs portes, à l'exception des cafés, bars et restaurants dont le sort sera revu fin mai pour éventuelle réouverture le 2 juin.
Quant aux grands événements populaires, ils restent suspendus au moins jusqu'en septembre. Ce qui annule de fait de multiples manifestations comme la Foire aux Vins de Colmar ou des processions de l'Assomption. Le sort du Festival de Cannes reste flou.
Pour le monde du travail, Edouard Philippe a "demandé avec insistance" aux entreprises de maintenir le télétravail autant que possible et de veiller à équiper les salariés en masques dans le cas contraire. Masques qui seront rendus obligatoires dans les transports publics et jugés désormais "préférables" dans de nombreux cas, après avoir été déconseillés depuis mars.
S/AFP/Africsol
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