Le président du Sénat nigérian, Bukola Saraki, a annoncé le mardi qu'il quittait le parti au pouvoir, confronté à de graves dissensions internes à un peu plus de six mois de la présidentielle.
« Après des consultations approfondies, j’ai décidé de quitter le Congrès des progressistes » (APC), a annoncé sur Twitter Bukola Saraki, le président de la chambre haute du Nigeria. Le troisième personnage de l’État n’a pas expliqué son choix de passer dans l’opposition et de rejoindre le Parti démocratique populaire (PDP).
Connu pour ses divergences avec M. Buhari, M. Saraki est soupçonné d’être à l’origine d’un mouvement dissident au sein au de l’APC et de ralliements massifs à l’opposition. La semaine dernière, 14 sénateurs et 37 députés ont fait défection de l’APC au dernier jour de la session parlementaire. Le Sénat compte 109 élus et l’Assemblée 360.
La Cour suprême du Nigeria a levé récemment des accusations de corruption qui pesaient contre M. Saraki, au terme d’une longue bataille judiciaire qu’il a qualifiée de chasse aux sorcières politique.
Il a toutefois été convoqué la semaine dernière par la police nigériane, soupçonné d’avoir commandité une série de braquages dans son fief politique, l’État de Kwara, en avril 2018. M. Saraki a alors dénoncé un « stratagème » pour empêcher les défections imminentes de parlementaires du parti au pouvoir.
Formation d’une coalition anti-Buhari
Début juillet, 38 partis politiques ont formé avec le PDP une alliance pour empêcher la réélection de Muhammadu Buhari à la présidentielle de février 2019. L’ancien général Buhari, qui avait accédé au pouvoir en 2015 en l’emportant sur le président Goodluck Jonathan (PDP), a annoncé vouloir se présenter à sa propre succession.
Malgré un soutien important, notamment dans quelques États-clés du Nord du pays, il subit de très fortes pressions et critiques au sein même de son propre camp.
Il est très critiqué pour l’inefficacité de sa lutte contre la corruption et les difficultés quotidiennes rencontrées par la majorité des Nigérians, après une grave récession économique en 2016.
De nombreuses voix dénoncent son incapacité à rétablir l’ordre, alors que le Nigeria est confronté à des conflits multiples, entre violences agro-pastorales dans le centre, insurrection jihadiste dans le Nord-Est et groupes rebelles dans le Sud pétrolier
S/JA/AFRICSOL
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