Menée par Marine Le Pen et l'extrême droite, la fronde contre le pacte de Marrakech agite le mouvement des gilets jaunes. Ce texte sur les migrations que doit ratifier Emmanuel Macron le 10 décembre prochain entend pourtant respecter la souveraineté de chaque signataire.

"Trahison silencieuse", "submersion organisée de notre pays": Marine Le Pen a durement évoqué lundi lors d'une conférence de presse, le pacte de Marrakech sur les migrations dans le monde, que doit ratifier Emmanuel Macron le 10 décembre prochain. Pour la présidente du Rassemblement national, ce pacte doit "offrir un statut aux 225 millions de migrants dont les parcours seront promus, organisés et protégés par le droit international".

Si le pacte de Marrakech entraîne une levée de boucliers du côté du Rassemblement national, il agite également certains gilets jaunes qui réclament la tenue d’un référendum et évoquent pêle-mêle sur les réseaux sociaux une "trahison" ou encore un "abandon" de la France. À l'étranger, les membres de Pegida, un groupuscule d'extrême droite allemand, habillés de gilets jaunes, ont manifesté samedi contre ce même pacte depuis Berlin.

  • Que prévoit vraiment le pacte?

Le pacte de Marrakech entend encadrer les migrations et définir une feuille de route commune alors que l'ONU estimait en 2017 à 257,7 millions le nombre de migrants dans le monde. Approuvé par l'Assemblée générale des Nations unies en juillet dernier, le pacte veut notamment s'assurer que les migrants possèdent tous une preuve d'identité légale et veut améliorer la disponibilité des voies de migrations régulières. Le texte, qui comporte 23 objectifs, prévoit notamment de faciliter la création de "conditions favorables qui permettent à tous les migrants d'enrichir nos sociétés grâce à leurs capacités humaines, économiques et sociales ".

  • Un pacte non-contraignant

Si de nombreuses voix s'élèvent pour dénoncer l'ingérence de l'ONU, le pacte de Marrakech ne sera pas contraignant et n'entraînera aucune obligation juridique pour les Etats signataires, garantissant la souveraineté de chaque pays en matière de politique migratoire.

"Le présent Pacte mondial établit un cadre de coopération juridiquement non contraignant (...) et respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international", peut-on lire en introduction du texte.

Une valeur symbolique donc, pour un texte qui vise à offrir "à la communauté internationale l'occasion d'abandonner les approches défensives, d'envisager un avenir commun dans lequel les migrations sont sûres, ordonnées et régulières", assure l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Un pacte qui s'apparente ainsi à une simple feuille de route pour les pays du monde entier, alors que les flux migratoires sont en augmentation.

  • Les conseils du point 17 en matière de débat public

Autre sujet de controverse du pacte, les conseils du point 17 à l'égard du débat public. Le pacte de Marrakech prône ainsi "l’élimination de toutes les formes de discrimination, dont le racisme, la xénophobie et l’intolérance, à l’endroit des migrants et de leur famille", et s'attache à "promouvoir une information indépendante, objective et de qualité, y compris sur Internet, notamment en sensibilisant les professionnels des médias aux questions de migrations".

Ce point encourage également à lutter contre les discriminations à l'égard des migrants "en cessant d’allouer des fonds publics ou d’apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l’intolérance, la xénophobie et le racisme", tout en garantissant "le plein respect de la liberté de la presse".

S/BFM/AFRICSOL

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