Enfin le Jour J? Attendu depuis près de deux semaines, le remaniement du gouvernement paraissait imminent lundi après un week-end d'intenses consultations entre le président Emmanuel Macron et le Premier ministre Edouard Philippe.

Suite au départ fracassant du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb le 2 octobre, ce remaniement, qui semblait acquis une semaine plus tard, n'a toujours pas été dévoilé, mais une nouvelle fenêtre de tir s'ouvre d'ici la prochaine session de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale mardi à 15H00.

Le déplacement impromptu d'Edouard Philippe, qui assure l'intérim de M. Collomb au ministère de l'Intérieur, "dans l'après-midi" dans l'Aude, où des inondations sans précédent ont fait au moins six morts, risque toutefois de retarder encore un peu l'annonce. La question du remaniement est "importante, elle sera évoquée le moment venu", a simplement déclaré le chef du gouvernement lundi matin depuis Nantes.

Il devait revenir à Paris pour son déjeuner hebdomadaire à l'Elysée avec Emmanuel Macron, peut-être une dernière occasion de s'accorder, avant de se rendre dans l'Aude.

Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a évoqué lundi matin un remaniement "dans les 24 heures", et le député LREM Aurélien Taché, proche de l'exécutif, table sur une annonce avant la session de questions au gouvernement de mardi.

- Territoires -

Pour remplacer Gérard Collomb, le nom de Christophe Castaner, délégué général de LREM, revient avec beaucoup d'insistance, avec aussi le scénario d'un duo avec l'ancien patron de la police nationale Frédéric Péchenard, proche de Nicolas Sarkozy.

L'exécutif pourrait aussi faire confiance à un expert, sur le modèle de Jean-Michel Blanquer. Le procureur de Paris François Molins - connu des Français depuis les attentats de 2015 -, la directrice de la PJ Mireille Ballestrazzi et Jean Castex, un haut fonctionnaire qui a servi Nicolas Sarkozy à l'Élysée ont été cités.

Parmi les sortants possibles: Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture). Le nom de l'ex-LR Christophe Béchu, maire d'Angers, a circulé pour succéder à Jacques Mézard.

Les centristes du MoDem pourraient récupérer un ou deux portefeuilles, comme Marc Fesneau, leur chef de file à l'Assemblée, alors que les noms des ex-socialistes Juliette Méadel et Didier Guillaume ont aussi été cités.

MM. Macron et Philippe pourraient en outre décider de renforcer les liens avec les territoires en créant un ministère ad-hoc, sur fond de grogne croissante des collectivités locales.

Le président a d'ailleurs cette semaine une série de rendez-vous avec plusieurs de leurs représentants: mardi avec Jean Rottner, président du Conseil régional du Grand Est, Hervé Morin, président des régions de France, puis Gérard Larcher, président du Sénat, et Dominique Bussereau, président de l'Association des départements de France. Vendredi, il recevra Xavier Bertrand, le président (ex-LR) du Conseil régional des Hauts-de-France, très critique de l'attitude de l'exécutif à l'égard des élus locaux.

- "Pas grand chose" -

Ce feuilleton du remaniement continuait lundi de concentrer les critiques de l'opposition qui dénonce le temps pris pour dévoiler la nouvelle équipe. "Ça donne un sentiment justifié à la fois de désordre institutionnel, de pagaille politique", mais aussi "d'image dégradée de notre pays", a encore déploré lundi l'eurodéputé LR Brice Hortefeux sur Sud Radio.

"Je sens qu'on va avoir attendu longtemps pour pas grand chose", a craint de son côté le maire PS du Mans et ex-ministre Stéphane Le Foll sur France 2.

La députée LREM Amélie de Montchalin a concédé lundi l'existence d'"une période de flottement relatif". Mais la nouvelle équipe sera "100% à sa tâche, 100% dédiée aux Français", a-t-elle promis sur Cnews.

A l'incertitude du casting et du calendrier s'ajoutent aussi les critiques de l'opposition sur un supposé "conflit" entre Emmanuel Macron et Edouard Philippe sur les équilibres du prochain gouvernement.

Sans nier des "discussions", l'exécutif a balayé ces rumeurs. Les choses avancent "dans le calme", a insisté Emmanuel Macron vendredi.

Ce remaniement doit par ailleurs trouver place dans une semaine très tournée vers les dossiers internationaux pour Emmanuel Macron, qui reçoit lundi le président sud-coréen, le Premier ministre japonais mercredi, avant de se rendre à Bruxelles pour un sommet européen crucial sur le Brexit.

S/AFP/AFRICSOL

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