Dans la suite d’un grand hôtel de Bruxelles où il reçoit, Jean-Pierre Bemba semble à l’étroit, à la fois serein et nerveux. « Dix ans de prison, ça force à méditer sur soi et sur mon pays, auquel j’ai réfléchi en voyant la situation se dégrader », déclare ce colosse de 1,90 mètre au visage poupin, malgré ses 55 ans, les guerres et la prison. C’est la première fois qu’il s’exprime depuis son acquittement en appel des charges de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, prononcé le 8 juin par la Cour pénale internationale (CPI).
De la capitale belge, où il a été arrêté en mai 2008 et transféré à la CPI, l’ancien chef de la rébellion, qui a combattu par les armes Joseph Kabila, avant d’être nommé vice-président de la République démocratique du Congo (RDC), confirme son retour, le 1er août, à Kinshasa, où il devrait arriver en jet privé dans la matinée.
« Ce n’est pas de gaieté de cœur que j’ai pris les armes. Il le fallait pour amorcer un retour à la démocratie, mais il n’en est plus question et je souhaite conquérir le pouvoir par les urnes, précise-t-il. A Kinshasa, je n’ai pas prévu de meeting politique. Je vais me recueillir sur la tombe de mon père et déposer ma candidature à la magistrature suprême. »Cette dernière décennie, Jean-Pierre Bemba l’a passée dans la prison de Scheveningen, à La Haye, à jouer au tennis et au football, à s’adonner au piano et à la peinture. « Mon monde a changé », concède-t-il. Son ami le Lybien Mouammar Kadhafi est mort, de même que le Gabonais Omar Bongo. Il n’a pas pu assister à l’enterrement de son père, décédé en juillet 2009, le puissant homme d’affaires Jeannot Bemba Saolona, à la fortune démultipliée grâce à sa proximité avec l’ex-président zaïrois Mobutu Sese Seko (1965-1997), qu’il a lui-même conseillé à la fin de son règne.
S/LemondeAfrique/AFRICSOL
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