La France règne sans partage sur le handball après le triomphe des femmes en finale du Mondial contre la Norvège, 23 à 21, dimanche à Hambourg, onze mois après celui des hommes, fin janvier à Paris.
Aucun pays n'avait remporté les deux titres mondiaux la même année depuis l'Union soviétique, en 1982. La superpuissance française porte son total de médailles à 27 depuis 1995: 9 dont 2 d'or pour les dames, qui avaient déjà conquis l'or mondial en 2003, et 18 dont 11 d'or pour les messieurs.
L'exploit des Bleues est immense car la Norvège domine le handball féminin depuis deux décennies, autant que la France chez les hommes. En vingt ans, elle a accumulé pas moins de 21 médailles, dont 12 en or.
"C'est une belle leçon. On dit toujours que les Scandinaves ont un beau jeu bien limpide et c'est vrai. Montrer que notre méthode est peut-être moins gracieuse mais tout autant efficace, ça fait plaisir", a dit la demi-centre Estelle Nzé-Minko, qui s'est sentie emportée par "une grande vague de bonheur".
C'est le troisième podium international de suite pour les Françaises, après l'argent des Jeux de Rio et le bronze de l'Euro-2016, et surtout la consécration pour la génération talentueuse des Allison Pineau, Amandine Leynaud, Alexandra Lacrabère, Camille Ayglon et Siraba Dembélé. "Les jeunes leur doivent beaucoup", a souligné Olivier Krumbholz.
Pour le sélectionneur, qui avait été limogé en 2013 à la suite d'une période creuse, puis rappelé en catastrophe deux ans plus tard pour préparer les Jeux de Rio, c'est un triomphe. Du titre de 2003, le Messin, âgé de 59 ans, est bien sûr le seul "rescapé".
- Une finale de toute beauté -
La finale a été de toute beauté et bien plus maîtrisée que n'auraient pu l'espérer les plus optimistes, car les Françaises étaient nettement outsiders après avoir souvent perdu contre les Scandinaves, l'année dernière encore en demi-finale de l'Euro (et aussi lors de deux finales mondiales, en 1999 et en 2011).
Mais on a senti dès le début à leur agressivité défensive, qui allait être la clef de leur succès, comme de tous les précédents, qu'elles n'étaient pas là seulement pour montrer leur valeur, mais pour gagner. "C'est incroyable et c'est ça qui nous a fait gagner", a dit Dembélé, la capitaine.
Après un mano a mano épuisant pour les nerfs, les Françaises ont repris une dernière fois l'avantage à cinq minutes de la fin et ne l'ont plus lâché.
La toute jeune Orlane Kanor, 20 ans, a débloqué la situation grâce à deux buts tout en détente et en bras, puis Pineau a pris ses responsabilités pour inscrire deux buts décisifs. Du grand art pour une joueuse opérée de la cheville en juillet et qui n'avait même pas repris en club avant le Mondial ! C'est Alexandra Lacrabère qui a eu le bonheur de marquer le 23e but de la délivrance à 20 secondes de la sirène.
- Et maintenant l'Euro-2018 en France -
La victoire est méritée car ce sont les Bleues qui ont été le plus clair du temps en tête, à part lors d'une courte période où les Scandinaves ont creusé un écart de trois longueurs (4-7) en première mi-temps. Mais la gardienne Amandine Leynaud, encore une fois exceptionnelle, a éteint le feu en arrêtant deux penalties des stars Nora Mörk et Stine Oftedal. "Elle est la meilleure gardienne du tournoi avec des kilomètres d'avance", a jugé Krumbholz.
Déstabilisées par la rage des Françaises en défense, les Norvégiennes n'ont jamais pu mettre en place leur jeu huilé. Elles ont même commis quelques erreurs inhabituelles. Rien à voir avec le rouleur-compresseur qui avait écrasé la Russie, championne olympique (34-17) en quart de finale et les Pays-Bas en demie (32-23).
"Sans vouloir nous lancer des fleurs, c'était impérial !", a lancé le pivot Laurisa Landre dans un éclat de rire.
Championnes du monde, les Bleues ne pouvaient pas mieux préparer l'Euro-2018, qui aura lieu dans l'Hexagone en décembre. La pression sera très forte et il y aura un ticket olympique en jeu.
S/AFP/Africsol
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