Décrié, contesté, mis de côté... mais tellement décisif. Olivier Giroud, en délivrant pour Chelsea une finale rêvée de Ligue Europa mercredi alors qu'il ne joue pas ou presque en championnat, a poursuivi l'écriture d'une carrière hors normes: celle d'un attaquant de l'ombre, mais diablement efficace et prospère.

Champion du monde sans marquer du Mondial en juillet, champion d'Europe et meilleur buteur de C3 avec 11 buts en 14 matches dix mois plus tard, dont un but et une passe décisive en finale. Avec, en toile de fond, une saison de Premier League quasi-blanche, marquée par seulement sept titularisations et uniquement deux buts. Ce genre de paradoxe illustre parfaitement le parcours de l'ancien Montpelliérain. Jamais totalement indiscuté, mais qui trouve toujours le moyen de se rendre indiscutable.

Mercredi, dans la nuit de Bakou, ce fut en effet compliqué pour tout observateur de trouver quelque chose à redire sur la performance de l'international français contre son ancien club.

Oui, il a été maladroit, en ratant des contrôles, en s'emmêlant les pinceaux parfois, ou en manquant de se claquer l'adducteur en voulant sauver un ballon anodin. Comme souvent avec lui.

Mais quel récital par ailleurs ! Sa tête plongeante à la 49e minute, un modèle de timing et de précision, aurait à elle seule suffi à illuminer la soirée du buteur des Blues, qui a célébré très sobrement son but, par respect pour son ex-club. Mais celui-ci s'est attaché à rendre sa copie parfaite. En provoquant habilement un penalty devant l'inexpérimenté Ainsley Maitland-Niles, transformé par Eden Hazard (64e).

En offrant enfin au Belge, annoncé sur le départ, une dernière mythique sous ses couleurs londoniennes huit minutes plus tard d'une passe décisive millimétrée. Et l'on pourrait même ajouter son travail essentiel sur l'autre but des siens, celui de Pedro (60e), où il emmène avec lui deux défenseurs grâce à son déplacement, laissant le champ libre à son coéquipier.

- Plus de responsabilités ? -

"Quand on me donne la possibilité d'avoir du temps de jeu, je donne toujours le meilleur de moi-même", a réagi Giroud sur BT Sport, "fier de gagner ce trophée avec Chelsea".

"La persévérance, la pugnacité". Voilà les qualités que le principal intéressé tenaient pour majeures pour un attaquant. En Azerbaïdjan, il y a ajouté l'efficacité. Et les statistiques.

Onze buts en 14 matches de C3, les chiffres affolent. Même Lionel Messi, en C1, n'en a marqué qu'un de plus cette saison ! Et jamais, selon le statisticien Opta, un joueur français n'avait inscrit autant de buts sur une saison de Coupe d'Europe.

Que manque-t-il à Giroud ? Dans l'armoire à trophées, un Euro, une Ligue des champions, un Championnat d'Angleterre, une Coupe de la Ligue anglaise (il gagne en revanche quatre Coupes d'Angleterre). Dans les mémoires, peut-être un peu de reconnaissance.

C'est sans doute ce que le Chambérien s'évertuera à rechercher la saison prochaine. Alors que l'avenir de son entraîneur Maurizio Sarri est incertain, qu'Hazard semble parti et que son club est interdit de recrutement, il a, de son côté, décidé de prolonger sa vie en "Blues".

Avec, en raison aussi de la fin du prêt de l'attaquant argentin Higuain, qui doit repartir à Turin, de grandes opportunités pour prendre un peu plus de responsabilités.

"Croyez-moi, je suis très frustré de ne pas être sur le terrain, mais je ne veux pas le montrer", déclarait-il en avril. "Il faut garder cette frustration et la transformer en énergie positive". S'il la transforme sur une saison comme il l'a transformée mercredi sur un match, cela promet.

S/AFP/Africsol

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