La confiance est là, et bien là, du côté de la chancelière Angela Merkel, qui veut faire évoluer son approche de l'Afrique. À la clé, un nouveau partenariat économique.
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À la tête de la présidence du G20 pour un an, l'Allemagne ne ménage pas ses efforts pour investir de nouveaux pans économiques sur le continent africain. Sur le terrain, force est de constater que des réformes structurelles s'imposent pour mettre les dirigeants et les populations dans le même tempo. Déjà en mars, lors d'un sommet du G20 Finances à Baden-Baden, les pays les plus puissants du monde ont convié les cinq pays-phares que sont la Côte d'Ivoire, le Maroc, le Sénégal, le Rwanda et la Tunisie à se joindre à eux pour mettre sur pied un nouveau partenariat baptisé « partenariat avec l'Afrique ». Objectif : démultiplier les investissements privés en Afrique. En tournée à l'automne 2016 au Mali et au Niger, pays de transit pour nombre de migrants, et en Éthiopie, où siège l'Union africaine, dont le président en exercice, le Guinéen Alpha Condé sera aussi reçu lundi à la chancellerie, Angela Merkel avait affirmé que « le bien-être de l'Afrique [était] dans l'intérêt de l'Allemagne ». État des lieux.
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Pourquoi le G20 est-il préoccupé par l'investissement privé en Afrique ?

Alors que, sur le continent, on ne compte plus les plans visant à multiplier les initiatives dans le privé, le G20 veut faire la différence en mettant l'accent sur la concrétisation des projets, pays par pays. La population africaine connaît une croissance rapide : d'ici à 2050, environ 2,5 milliards de personnes vivront sur le continent, soit près de deux fois plus que maintenant. D'ici à 2030, environ 440 millions de personnes chercheront du travail. L'économie africaine doit croître si elle veut accueillir ce boom. Cependant, dans de nombreux pays, les conditions existantes rendent cela difficile à réaliser si les choses ne changent pas. Seulement 130 milliards de dollars (115 millions d'euros) par an suffiraient à étendre l'infrastructure africaine – une somme équivalant à peu près au montant total de l'aide publique pour le continent.

« Compact avec l'Afrique », quelle approche ?

Selon le gouvernement allemand, le « Compact avec l'Afrique » s'emploiera à accroître les investissements durables du secteur privé, ainsi qu'à améliorer les infrastructures et à lutter contre le chômage. Pour ce faire, un certain nombre de pays africains s'associeraient avec le G20, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et la Banque africaine de développement pour négocier un plan d'action spécifique pour chaque État. Les pays s'engageraient alors à mettre en œuvre des réformes pour augmenter leur potentiel d'investissement, tandis que leurs partenaires internationaux offriraient une expertise technique et aideraient les investisseurs dans la région.

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Quels sont les pays concernés ?

Jusqu'à présent, l'initiative a suscité un grand intérêt parmi de nombreux pays africains. La Côte d'Ivoire, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie ont exprimé un intérêt particulier par des lettres adressées au ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, et leurs gouvernements ont été invités à envoyer des délégations à la réunion du G20 à Baden-Baden. Ils ont présenté des déclarations d'intention claires qui serviront de base à la mise en place de pactes d'investissement dans les prochains mois. Ces cinq pays, le C-5, constitueront le premier groupe de pays compacts. « Le Compact avec l'Afrique » est ouvert à tous les pays africains qui souhaitent améliorer leur cadre d'investissement privé sur une base durable.

Quels sont les enjeux pour les partenaires financiers africains ?

Pour la Banque africaine de développement, principal partenaire financier africain à l'initiative du plan, il s'agit de diversifier les sources de financement pour l'Afrique. En effet, l'institution connaît des difficultés à mobiliser les ressources financières auprès des partenaires traditionnels. La banque entend donc diversifier ses partenaires et aller chercher les fonds à l'extérieur du continent, d'où aussi une certaine volonté d'organiser ses assemblées annuelles dans les pays émergents devenus des partenaires prioritaires, comme l'Inde lors des assemblées à Ahmedabad. L'an prochain, la BAD se rapprochera d'un autre partenaire-clé : la Corée du Sud. Dans le rapport produit conjointement avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, la BAD propose une batterie d'instruments et de mesures visant à améliorer les cadres macroéconomiques, commerciaux et de financement afin de stimuler l'investissement dans le cadre du « Compact avec l'Afrique ».

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Les prochaines étapes ?

Après les réunions des ministres des Finances du G20 et des gouverneurs des banques centrales à Washington, les 20 et 21 avril 2017, et en marge du Forum économique mondial sur l'Afrique à Durban, en Afrique du Sud, du 3 au 5 mai 2017. Une conférence internationale sur le « Partenariat Afrique G20 – Investir dans un avenir commun » se tient à Berlin les 12 et 13 juin 2017.

Y a-t-il des risques ?

L'une des conditions préalables au « Compact avec l'Afrique » est que les pays africains participants mettront en œuvre leurs promesses de réforme. Pour cette raison, les investisseurs évitent actuellement les États qui sont politiquement instables, ou où la corruption est courante. On ne sait pas trop exactement combien d'investisseurs le projet attirera. L'intérêt des entreprises allemandes en Afrique reste faible.

Que disent les experts ?

Friederike Röder, directrice France de l'ONG ONE et directrice internationale pour le G20, déclare : « Ce dividende démographique n'est pas un phénomène automatique. Il nécessite un changement de paradigme dans la relation entre les pays les plus industrialisés et les pays africains. Il est urgent que les pays du G20 et d'Afrique s'associent pour faire de la croissance démographique du continent africain le moteur de la croissance économique et sociale mondiale. » L'organisation poursuit dans son nouveau rapport pour l'Afrique que « l'Allemagne a certes pris la bonne décision en mettant l'Afrique à l'agenda de son G20, mais le partenariat qu'elle propose se concentre pour l'instant sur le développement des investissements privés dans quelques pays africains, déjà économiquement robustes (le Maroc, la Tunisie, la Côte d'Ivoire, le Sénégal et le Rwanda), dans le cadre de "Compacts". » Or, « si le G20 se limite aux propositions actuellement sur la table, il ratera le coche de ce boom démographique avec les conséquences que cela pourra avoir. Seuls des investissements publics substantiels et bien ciblés en amont dans l'éducation, l'emploi et l'émancipation de toute la jeunesse africaine permettront de s'assurer que les nouvelles générations ne se retrouvent pas démunies une fois sur le marché de l'emploi », poursuit Friederike Röder.

Que pensent les Africains ?

En principe, beaucoup pensent que le « Compact avec l'Afrique » est une bonne idée. Cependant, ils font attention à ce que le programme ne soit pas appliqué à l'ensemble du continent, car il ne fonctionnera pas correctement dans les pays dits en crise. Ils veulent également que l'investissement profite directement à la population, en encourageant des salaires équitables et en respectant les normes environnementales. En outre, les organisations de développement demandent depuis longtemps que les relations commerciales entre l'Afrique et l'Europe fonctionnent de manière plus équitable.

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