Depuis que George Weah a été primé, en 1995, aucun joueur du continent ne s’est hissé dans le top 3. Lundi, le Sénégalais Sadio Mané est arrivé en quatrième position.
Depuis que le classement du Ballon d’or a été ouvert à tous les joueurs du monde, en 1995, un seul footballeur africain a réussi à se hisser dans le top 3. C’était en 1995, justement : le Libérien George Weah, alors sous contrat avec le Milan AC, avait même accédé à la première marche du podium. Depuis, plus rien.
Lundi 2 décembre, pour la sixième fois, c’est l’Argentin Lionel Messi, élu par un panel mondial de journalistes, qui a remporté le Ballon d’or France-Football. En lice, le Sénégalais Sadio Mané (Liverpool FC) a terminé à la quatrième place, derrière son coéquipier néerlandais Virgil van Dijk (2e) et le Portugais Cristiano Ronaldo (3e). L’Egyptien Mohamad Salah (Liverpool FC) s’est classé cinquième, tandis que l’Algérien Riyad Mahrez (Manchester City) s’est octroyé la dixième place. Le Gabonais Pierre-Emerick Aubameyang (Arsenal) se classe quant à lui 20e et le Sénégalais Kalidou Koulibaly (Naples) 24e.
Avec trois joueurs dans le top 10, l’Afrique a réalisé une belle performance. « Il y avait cinq joueurs africains parmi les 30 nominés. C’est une forme de reconnaissance pour la qualité du football africain. Aujourd’hui, il y a dans chacun des plus grands clubs européens au moins un joueur africain titulaire, observe Ferdinand Coly, ancien défenseur des Lions de la Teranga (Sénégal). Mais on peut aussi s’interroger sur le fait qu’aucun Africain n’a remporté le Ballon d’or depuis Weah en 1995. »
Bousculer Messi et Ronaldo
De fait, avant Sadio Mané, seuls l’Ivoirien Didier Drogba, quatrième en 2007, et le Camerounais Samuel Eto’o, cinquième en 2009, se sont approchés des sommets. Il y a dix ans, Eto’o avait pourtant remporté, avec le FC Barcelone, la Ligue des champions, la Coupe d’Espagne et la Liga – il avait alors été le deuxième meilleur buteur du championnat, avec 30 buts.
Cette année, Mané incarnait les meilleures chances africaines de bousculer Messi et Ronaldo, lesquels se partagent les titres depuis 2008 (six pour l’Argentin, cinq pour le Portugais). Une hégémonie interrompue seulement en 2018 par le Croate Luka Modric. Avec ses performances en club (Ligue des champions, Supercoupe d’Europe, co-meilleur buteur de Premier League avec 22 réalisations, à égalité avec Salah et Aubameyang) et en sélection nationale (finaliste de la Coupe d’Afrique des nations 2019), le Sénégalais aurait pu prétendre à un meilleur classement. N’a-t-il pas gagné, avec le Liverpool FC, la Ligue des champions ?
« Il s’est montré productif, surtout en club. Que Messi soit Ballon d’or, ce n’est pas surprenant tellement ce joueur est hors normes. Mais que Mané, qui a vraiment réalisé de très belles choses, ne soit pas sur le podium, cela ne me semble pas normal », s’étonne Paul Kessany, l’ancien capitaine des Panthères du Gabon. Pour Ferdinand Coly, « les joueurs africains souffrent aussi du fait que leurs sélections nationales ne font pas partie des meilleures du monde, et cela peut peser sur le vote. La sélection africaine la mieux classée par la FIFA est le Sénégal [22e], loin derrière les grandes équipes européennes ou sud-américaines ».
Manque de « solidarité » africaine
En termes de statistiques collectives et individuelles, Salah et Mahrez auraient pu, eux aussi, prétendre à un meilleur classement. Le premier a gagné les mêmes titres que Mané avec Liverpool, mais a peut-être payé la CAN ratée des Egyptiens, éliminés en huitièmes de finale. Le second, qui n’est pas une machine à marquer, est devenu champion d’Angleterre avec Manchester City et champion d’Afrique avec l’Algérie, un palmarès amélioré par la conquête, notamment, de la FA Cup et de la League Cup anglaises.
« Il y a les titres, les statistiques, mais aussi ce que représente un joueur aux yeux du jury. Le palmarès de Messi est si impressionnant que cela peut aussi influencer les votes », ajoute Paul Kessany. « On peut supposer qu’il existe une forme de lobbying en faveur des plus grands joueurs, avance Ferdinand Coly. Cela dit, j’ai toujours considéré que le football africain n’était pas très solidaire. De 2010 à 2016, les sélectionneurs et les capitaines des sélections nationales affiliées à la FIFA faisaient partie du jury du Ballon d’or, aux côtés des journalistes, et je n’ai jamais vraiment ressenti une grande solidarité des Africains. »
Un cas illustré notamment par Samuel Eto’o, qui a déclaré dans une interview accordée à l’AFP, le 7 novembre, que « les footballeurs africains ne sont pas respectés » et « appréciés à leur juste valeur ». Pourtant, l’ancien capitaine des Lions indomptables avait fait du Belge Eden Hazard son choix numéro un pour le Ballon d’or 2019, sans jamais évoquer Mané, Salah ou Mahrez…
S/LMA/AFRICSOL
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