Des centaines d'agriculteurs convergeaient mercredi matin vers Paris, occasionnant des ralentissements à l'orée d'une journée de manifestation dans toute la France, pour faire monter la pression sur des négociations commerciales avec la grande distribution, à l'appel des syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs.

Au total, plus de 1.000 tracteurs venus des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté devaient se diriger vers le périphérique puis se rassembler sur l'avenue Foch, quartier cossu dans l'ouest de Paris. Certains représentants syndicaux, critiques des accords de libéralisation commerciale de l'UE, qui augmentent les importations agricoles et alimentaires en France, ont demandé à rencontrer le président de la République.

Vers 8H40, le trafic en région parisienne était élevé mais pas exceptionnel pour un jour de semaine, avec 337 km de bouchons cumulés, selon le site d'information aux usagers Sytadin.

Vers 8H00, un cortège de plus d'une centaine de tracteurs et 50 voitures se trouvait à la hauteur d'Evry-Courcouronnes sur l'autoroute A6 à 30 km au sud de Paris, selon la Préfecture de l'Essonne.

Dans le Val-d'Oise, trois groupes représentant plus de 80 tracteurs roulaient sur l'A1 en direction de Paris, tandis que 140 tracteurs convergeaient vers la capitale sur l'A14, la N12 et l'A10, provoquant des "ralentissements importants" selon la préfecture des Yvelines.

En Seine-et-Marne, ce sont 300 tracteurs qui sont partis vers 7h, au niveau des péages de Coutevroult et Fleury en Bière. La préfecture de Seine-et-Marne ne signalait aucun incident car "les agriculteurs étaient organisés", mais elle disait craindre "le retour du soir".

"Dans mon groupe, nous sommes 15 agriculteurs, soit 30% des effectifs de mon syndicat local du Val-d'Oise, ce qui est énorme comme mobilisation chez nous. Cela montre bien la situation critique et de détresse des agriculteurs", explique Guillaume Moret, céréalier et maraîcher, joint par téléphone à bord de son tracteur.

- Signes de soutien -

"C'est la première fois que je monte à Paris en tracteur", raconte Alix Heurtaut, agricultrice près d'Etampes (Essonne), qui a joint un groupe de 25 autres tracteurs. "Ca se passe bien, nous recevons beaucoup de signes de soutien des automobilistes, ça fait plaisir de voir des gens qui ne sont pas contre nous".

Mathieu Garnotel, qui exploite 130 hectares dans la Marne, est venu avec une vingtaine d'autres agriculteurs rejoindre les convois parisiens, mercredi matin à Coutevroult, près du péage sur l'A4.

"Actuellement dans la Marne, un exploitant sur trois est à zéro ou en déficit, et l'année précédente nos revenus avaient baissé de 75% par rapport à la moyenne 2010-2014, à cause de la chute des prix, de la suppression des quotas (sucriers, NDLR) et de l'augmentation des charges (matériel et intrants plus chers, augmentation de la redevance pour pollution diffuse et de la taxe sur l'azote), on est pris dans un effet ciseau", explique-t-il.

La Loi dite Egalim, issue des Etats généraux de l'alimentation et mise en place en début d'année, était censée ramener du revenu dans les cours des fermes en rééquilibrant les relations commerciales, mais jusqu'ici les agriculteurs disent ne pas vraiment voir de différence.

Les manifestants veulent donc mettre la pression sur la grande distribution et ses fournisseurs, alors que viennent de commencer les négociations commerciales annuelles qui fixent les prix pour un an.

"Nous voulons que les distributeurs jouent le jeu et ne fassent pas comme a fait Lidl il y dix jours, du steak haché à 6,75 euros le kilo, ce qui est un profond scandale. C'est comme quand Carrefour avait fait le lait à 0,87 euro en bio l'année dernière", a expliqué à l'AFP Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

- Bloquer les accès à Lyon -

La mobilisation doit s'étendre dans toute la France, au fil de la journée.

En Rhône-Alpes, des agriculteurs de toute la région ont prévu de bloquer les accès autoroutiers de Lyon en trois points: au nord (Limonest), au sud (Ternay) et à l'est (Beynost).

En Auvergne, ils ont prévu de mener une action dans la matinée sur l'A71 près de Clermont-Ferrand.

Des mobilisations sont également prévues à Toulouse et dans le Vaucluse, qui a prévu une "journée de deuil de l'agriculture vauclusienne".

Mardi soir, une cinquantaine d'agriculteurs de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire avaient visé la coopérative Terrena et des grandes surfaces, à Ancenis (Loire-Atlantique), rapporte le quotidien Ouest-France mercredi.

S/AFP/AFRICSOL

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