Edouard Philippe se rend vendredi au siège de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pour présenter un nouveau plan d'action contre le terrorisme, qui se veut le pendant d'un volet anti-radicalisation détaillé en février.
Le Premier ministre, qui passera une partie de la matinée à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) dans les locaux de la DGSI, service chef de file de la lutte antiterroriste sur le territoire national, sera accompagné du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, du ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian et de la ministre aux Armées Florence Parly.
Ce plan, composé de 32 mesures, complètera le dispositif de prévention de la radicalisation présenté le 23 février à Lille. Centré sur les prisons, il balayait un large spectre avec notamment des mesures ciblant l'éducation, les services publics et internet.
Le nouveau plan antiterroriste de Matignon se déploiera sur fond d'évolution de la menace terroriste, devenue endogène, et d'inquiétudes autour des "sortants", les détenus condamnés pour des faits de terrorisme ou radicalisés en prison et qui doivent sortir de détention.
Une source élyséenne avait estimé en mai que, d'ici fin 2019, 10% des condamnés pour terrorisme et près d'un tiers des détenus de droit commun radicalisés sortiraient de détention, soit environ 450 personnes.
Le Premier ministre doit annoncer qu'une unité de suivi des "sortants" sera constituée au sein de l'Unité de coordination de la lutte antiterroriste (Ucalt), rattachée à la Direction générale de la police nationale (DGPN).
Également au menu: la création d'une cellule de profilage des auteurs d'attentats et d'identification des facteurs de passage à l'acte.
Enfin, le chef du gouvernement doit consacrer la DGSI dans son rôle de "pilotage" de la lutte antiterroriste: elle assurera désormais la "coordination opérationnelle" du renseignement, des investigations judiciaires mais aussi des stratégies de coopération nationale et internationale en matière antiterroriste.
- "Travail d'une génération" -
La France a été frappée en 2018 à deux reprises par des attaques terroristes revendiquées par l'organisation jihadiste Etat islamique, coûtant la vie à cinq personnes, le 23 mars à Carcassonne et Trèbes (Aude) puis le 12 mai à Paris.
Depuis 2015, 246 personnes ont été tuées dans des attentats sur le territoire français.
Ce nouveau plan antiterroriste constitue le troisième exercice du genre de la période récente, après le plan de lutte antiterroriste (PLAT) du 29 avril 2014 et le plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme (PART) du 9 mai 2016, sous le quinquennat Hollande.
Depuis son arrivée au pouvoir il y a un peu plus d'un an, le nouvel exécutif a renforcé à son tour l'arsenal antiterroriste, avec notamment la loi controversée renforçant la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme (SILT) promulguée à l'automne 2017.
Dans un rapport rendu public mardi, une commission d'enquête du Sénat a crédité les pouvoirs publics d'avoir renforcé la politique de lutte contre la menace terroriste, mais en s'inquiétant "de réelles insuffisances".
Parmi les préconisations: une lutte plus résolue contre le "radicalisme musulman" et le salafisme, considéré comme un "danger", ou encore l'accès des maires au Fichier des signalements pour la prévention et la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), qui contient environ 20.000 noms.
Mais cette dernière proposition, envisagée par Emmanuel Macron dans un discours prononcé fin mai, avait fait grincer des dents dans les services et même suscité l'opposition de la garde des Sceaux.
Dans son discours devant le Congrès lundi, le chef de l'Etat a estimé que la lutte contre le terrorisme était le "travail d'une génération" à poursuivre "sans fébrilité et sans relâche".
S/AFP/AFRICSOL
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