Supposé faire passer la relation bilatérale à un "niveau supérieur", le traité franco-allemand d'Aix-la-Chapelle fait l'objet de nombreuses critiques et même, selon Emmanuel Macron, de "mensonges". Que prévoit vraiment le nouveau traité de l'Elysée?

Sans ambition pour certains, marqué par un nouvel abandon de souveraineté de la part de la France pour d'autres... Le traité franco-allemand signé ce mardi par Emmanuel Macron et Angela Merkel fait l'objet de nombreuses critiques. Le président de la République dénonce même les "mensonges" relayés par l'extrême droite française à son sujet. Que prévoit-il vraiment?

Le 22 janvier 1963, Konrad Adenauer et Charles de Gaulles signaient, au Palais de l'Elysée, l'acte fondateur de l'amitié franco-allemande. Le traité d'Aix-la-Chapelle - c'est son nom - "complète" celui signé à l'Elysée il y a 56 ans dans des domaines comme la défense, la diplomatie, l'économie ou la coopération transfrontalière.

Sécurité 

Les deux pays, qui se sont livrés trois guerres depuis 1870, promettent d'abord d'"approfondir leur coopération en matière de politique étrangère, de défense extérieure et intérieure". Ce en dépit de désaccords récurrents sur ces sujets entre les deux capitales.

Ils "se prêtent aide et assistance par tous les moyens dont ils disposent, y compris la force armée, en cas d'agression contre leur territoire". Même si cette solidarité est déjà prévue dans le cadre de l'Otan, le but est de "renforcer encore la coopération entre leurs forces armées" et "d'opérer des déploiements conjoints".

Paris et Berlin "instituent le Conseil franco-allemand de défense et de sécurité comme organe politique de pilotage de ces engagements réciproques".

Diplomatie: la France ne "partage" pas son siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations Unies

Marine Le Pen (Rassemblement national) ou Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) affirment que le Traité prévoit que la France "partage" avec son voisin son siège de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies. C'est faux. 

Le texte se contente d'assurer, dans son article 8, que l'admission de l'Allemagne "en tant que membre permanent" est "une priorité de la diplomatie franco-allemande". Les deux pays s'engagent aussi à "coordonner" leurs positions au sein de l'ONU et de faciliter des "positions unifiées" de l'Union européenne au sein de l'instance mondiale.

Relations transfrontalières: pas de cession de souveraineté

Sur ce point, des accusations de cession de souveraineté ont été portées. Le député européen Bernard Monot, de Debout la France, les a relayé: le Traité reviendrait à "livrer l'Alsace et la Lorraine" à l'Allemagne. La "langue administrative" y deviendrait l'allemand. C'est également faux. 

Le traité prévoit en fait de "resserrer les liens entre les citoyens et les entreprises de part et d'autre de la frontière", en particulier via des "procédures accélérées" pour faire avancer des projets. Un "comité de coopération transfrontalière" réunissant États, collectivités et parlements est mis en place à cet effet. 

L' objectif du "bilinguisme" dans les territoires transfrontaliers est réaffirmé, sans que les "langues administratives" y soient modifiées.

Économie et climat

Les deux États instituent un "Conseil franco-allemand d'experts économiques" composé de dix membres indépendants chargé de faire des "recommandations sur l'action économique" des deux pays.

Paris et Berlin promettent enfin des "projets conjoints" dans les énergies renouvelables et "l'efficacité énergétique".

Clémentine Piriou avec AFP/AFRICSOL

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