En attendant son intronisation par le Parti socialiste, prévue le 14 octobre, Anne Hidalgo plafonne sous les 6 % dans les sondages pour la présidentielle de 2022. Le signe que la social-démocratie ne parvient pas à remonter la pente ? De l'opération « Hé Ho à la gauche » à Place Publique, en passant par Les Engagé.es. de Laurent Joffrin, les échecs se sont multipliés depuis 2016. On récapitule.

Au maximum 6 %. C'est le pourcentage que totaliserait Anne Hidalgo au premier tour des présidentielles de 2022 selon un sondage Harris Interactive commandé par le magazine Challenge. Soutenue par Olivier Faure, la maire de Paris devrait être désignée candidate par le Parti socialiste lors d'un vote interne prévu pour le 14 octobre.

Mais en attendant, la maire de Paris plafonne dans les intentions de vote, depuis l'annonce de sa candidature le dimanche 12 septembre. Au risque de se crasher plus bas encore que Benoît Hamon (6,35 % des suffrages exprimés à la présidentielle de 2017) ? Ce serait alors un nouvel épisode d'une série noire de relances ratées, depuis le renoncement de François Hollande en 2016. On résume.

PLACE PUBLIQUE : LE PETIT FAN-CLUB DE RAPHAËL GLUCKSMANN

« Agir pour construire une Europe démocratique, solidaire et écologique » via un « mouvement politique 100 % société civile », tel est le leitmotiv de Place Publique, fondé le 29 octobre 2018. On y retrouve l'essayiste Raphaël Glucksmann, l'économiste Thomas Porcher, l'activiste écologiste Claire Nouvian et la romancière Diana Filippova. Le mouvement rêve de rassembler la gauche « proeuropéenne », des écologistes au PS, en passant par les communistes et Génération.s.

En ligne de mire, les européennes de 2019. Mais les partis de gauche se montrent peu intéressés par cette candidature commune, hormis le Parti socialiste, mal en point depuis la présidentielle. La liste « Envie d'Europe » se monte, avec Raphaël Glucksmann comme figure de proue. Patatras : avant le scrutin, plusieurs personnalités quittent le navire. Thomas Porcher claque la porte en mars, opposé à une alliance avec le PS. « Une liste d'apparatchiks, pas de citoyens » dénonce-t-il. Neuf jours plus tard, le producteur Farid Benlagha l'imite, en reprochant à Glucksmann sa frilosité à soutenir les Gilets Jaunes.

Amputée de 11 de ses fondateurs, l'alliance n'obtiendra que 6,19 % des suffrages. Auprès de l'AFP, une source expliquait que le parti est passé « d'un mouvement polyphonique à un fan-club de Raphaël Glucksmann ».

LES ENGAGÉ.E.S, PLUTÔT EFFACÉ.E.S

Proche de François Hollande, le journaliste et ex-patron de Libé, Laurent Joffrin, lance son mouvement « Les Engagé.e.s » le 16 juillet 2020 pour « refonder le discours d'une gauche démocratique, une gauche réaliste ». Décidé à mettre en place une « force centrale » pour « porter une candidature en 2022 qui ne soit pas de témoignage » comme le relataitLe Monde, il se heurte à la froideur certaine du Parti socialiste. « Cela fait des mois que Hollande cherche une fenêtre par où rentrer dans la vie politique. Mais il ne se rend pas compte que personne ne veut de lui, car s’il y a bien un truc qu’on nous reproche, c’est son quinquennat » déplore un proche d'Olivier Faure dans les colonnes du quotidien du soir.

Depuis, Joffrin s'est fait plutôt discret, sauf sur le plateau télé de Pascal Praud sur CNews, dont il est un invité régulier. En juillet 2020, répondant aux questions de France Info, il affirmait que « l'incarnation, de la candidature, n'est pas du tout à l'ordre du jour, elle sera à l'ordre du jour dans un an ». Quatorze mois plus tard, on attend toujours.

« HE OH LA GAUCHE » : Y A PERSONNE

Avec un tel nom de baptême, l'opération partait mal. Lancée par Stéphane le Foll, fidèle parmi les fidèles de François Hollande, en avril 2016, « Hé oh la gauche ! » apparaît comme un mouvement de soutien à la candidature de l'ancien président en vantant son bilan. On a vu le résultat. Au grand jury de RTLLCI et Le Figaro, le 24 avril 2016, Le Foll assurait : « On a fait des choses, et en particulier dans les questions de l'éducation, de la santé, du modèle social (...) Ce qui m'a peiné depuis beaucoup de temps, c'est qu'on est dans l'incapacité de défendre ce qu'on a fait. » À moins qu'ils n'aient pas fait assez ?

Depuis le renoncement de François Hollande, le mouvement n'a plus fait parler de lui. Mais Stéphane le Foll bouge toujours puisqu'il s'est déclaré candidat pour représenter le Parti socialiste aux présidentielles de 2022. Son destin repose sur le vote des adhérents du 14 octobre, face à une Hidalgo soutenue par l'appareil.

AURÉLIEN TACHÉ : LA DÉFAITE PERMANENTE

En montant un mouvement « ni de droite ni de gauche » on fait forcément des déçus. Chez LREM, c'est arrivé en mai 2020 avec la création du mouvement Écologie, Démocratie, Solidarité. Parmi les 17 parlementaires qui le composent, on compte Matthieu Orphelin, Paula Forteza ou encore Aurélien Taché, qui s'est souvent distingué pour sa défense d'une laïcité très très ouverte.

Dans leur profession de foi, les élus proposent de « répondre à l'urgence écologique, moderniser la démocratie, réduire les inégalités sociales et territoriales ». En bref, mettre en avant les thématiques de gauche qu'ils estiment délaissées par Emmanuel Macron, bien qu'ils se défendent d'être dans l'opposition. Las, en désaccord avec la ligne, plusieurs élus quittent l'aventure et le groupe se retrouve sous la limite minimum de 15 parlementaires, ce qui entraîne sa dissolution.

Mais Aurélien Taché n'a pas dit son dernier mot et fonde en décembre 2020 Les Nouveaux Démocrates avec la députée Émilie Cariou. Et depuis ? Pas grand-chose, sinon qu'il a apporté son soutien à Éric Piolle, candidat malheureux à la primaire écolo. Quand ça veut pas…

S/M/Africsol

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