Au terme d’un recensement électoral de sept jours, la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé avoir inscrit 428 233 nouveaux électeurs. Un chiffre en progression comparé à ceux issus des opérations passées, mais qui pose le problème de la réforme de la CEI.
En trois ans, la Côte d’Ivoire est à son troisième recensement électoral. Le dernier de fin juin 2018 a mobilisé 4,6 milliards de francs CFA (plus de 7 millions d’euros). Si le code électoral prescrive que la liste électorale doit être « tenue à jour annuellement par la commission chargée des élections, pour tenir compte des mutations intervenues dans le corps électoral », celui-ci n’oblige pas la Commission électorale indépendante (CEI) à organiser des recensements spéciaux jugés aussi coûteux qu’inefficaces, par certains opposants.
C’est un fait, les nouveaux électeurs se sont quelque peu bousculés cette année, comparé aux années précédentes. En 2017, la CEI, contrairement à ses obligations, n’avait pas mis à jour le fichier électoral mais un an plus tôt, avant le référendum constitutionnel boycotté par l’opposition et une partie de la société civile, elle avait appelé à un enrôlement qui avait duré 28 jours. Seulement 132 734 nouveaux électeurs s’étaient inscrits. En 2015, 344 295 nouveaux électeurs s’étaient inscrits durant 42 jours, pour participer à la présidentielle, recensement une nouvelle fois boycotté par une partie de l’opposition.
L’OPÉRATION EST UN ÉCHEC. LE TAUX DE PARTICIPATION OSCILLE ENTRE 6 ET 9 % », SOULIGNE BOUBAKAR KONÉ
Celle-ci, par la voix de Boubakar Koné, porte-parole de la fronde du Front populaire ivoirien (FPI, parti de Laurent Gbagbo) a vite crié victoire, suite à l’enrôlement de cette année. « L’opération est un échec. Le mot d’ordre de boycott du FPI et d’EDS [Ensemble pour la démocratie et la souveraineté, coalition de partis et mouvements de l’opposition, dirigée par Georges Armand Ouégnin, ndlr] a été respecté par les populations. Le taux de participation oscille entre 6 et 9 % », s’est réjoui Koné.
Un appel à la démission de Youssouf Bakayoko
Une position que relativise le parti Liberté et démocratie pour la République (Lider, de Mamadou Koulibaly). Ce recensement électoral a davantage dévoilé une pratique qui devient courante : « l’importation » par de potentiels candidats, d’électeurs non résidents dans certaines circonscriptions, en vue de se constituer un cercle électoral. Dans la commune du Plateau (Abidjan) et dans la ville de Divo (centre-ouest), des heurts ont éclaté opposant des partisans de candidats potentiels aux futures élections locales, dont la date n’est toujours pas fixée. À Divo, les affrontements entre partisans du député et du maire ont fait une dizaine de blessés.
Des tensions qui posent une fois de plus la question de la réforme de la CEI. Mercredi 27 juin, un groupuscule du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié) a appelé à la démission de Youssouf Bakayoko (pourtant cadre du PDCI), 75 ans, à la tête de la CEI depuis huit ans, dont les deux derniers dans l’illégalité. « Il est dépassé par les événements », a dénoncé N’Gbala Brou Dominique Kouamé, président de PDCI Espoir 2020.
Inscriptions d’office ?
Face aux tensions, l’ancien ministre Gnamien Konan a cru bon de faire une proposition à l’Assemblée nationale. Le député de Botro (centre) demande une inscription d’office des nouveaux majeurs sur la liste électorale. « L’administration ne doit plus exiger du citoyen des informations qu’elle détient déjà. Telle est ma vision d’un État moderne et utile : une « smart administration ». C’est pourquoi j’ai proposé que tous les Ivoiriens titulaires d’une carte nationale d’identité biométrique soient inscrits d’office dans le fichier électoral. Nous gagnerons du temps, de l’efficacité et de l’argent », explique-t-il.
En 2016, la Côte d’Ivoire comptait 6 318 311 d’électeurs, contre 6 300 142 en 2015 et 5 784 490 en 2010, sur une population de 22 671 000 en 2014. Selon certaines prévisions, le pays devrait compter au moins 10 millions d’électeurs.
S/JA/AFRICSOL
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