Joe Biden et Donald Trump étudient les différents scénarios qui leur permettraient de l'emporter. Quatre « swing states » sont particulièrement dans leur viseur.

Comme tous les quatre ans, le monde entier voudrait avoir son mot à dire dans l'élection présidentielle aux États-Unis. Mais ce sont bien les Américains qui désignent leur président. Et encore… pas tous. Le système électoral est ainsi fait que quelques États seulement décident du sort du pays tout entier. Des États décisifs, les fameux « swing states », qui sont l'objet de toutes les attentions de la part de Donald Trump et Joe Biden. Les télévisions locales y sont submergées de publicités politiques, les pelouses devant les maisons parsemées de pancartes et c'est dans ces régions que les deux candidats tiennent la plupart de leurs meetings.

Ce sont ces endroits qu'il faudra scruter dans la nuit du 3 au 4 novembre. L'ensemble des grands électeurs d'un État étant attribué à celui qui y récolte le plus de votes, il suffit d'un petit nombre de voix pour le faire basculer d'un côté ou de l'autre. Le scrutin pourrait donc dépendre de quelques dizaines de milliers de voix, exprimées dans des régions parfois reculées. Voici notre guide des États à suivre :

La Floride

C'est l'État le plus important, le faiseur de présidents par excellence, notamment parce qu'il est le « swing state » le mieux doté en nombre de grands électeurs (29). On se souvient du psychodrame qui s'y était tenu en 2000, quand George Bush l'avait emporté au terme de multiples recomptages et d'une longue bataille juridique. Comme il y a 20 ans, la Floride pourrait désigner le futur président, car on estime que Joe Biden ne peut pas perdre l'élection générale s'il l'emporte là-bas. Trump le sait et multiplie les meetings dans son deuxième fief après New York : c'est en Floride que se trouve sa luxueuse résidence de Mar-a-Lago.

La Pennsylvanie

Avec 20 grands électeurs, c'est l'autre gros morceau en jeu le 3 novembre. Trump y avait remporté en 2016 sa victoire la plus renversante, car l'État avait voté démocrate lors des 6 précédents scrutins. Une nouvelle victoire du président sortant dans cet État à la fois citadin (avec la grande ville de Philadelphie) et rural (avec la chaîne montagneuse des Appalaches) serait un excellent signe pour lui. Et un affront personnel pour Joe Biden : c'est à Scranton, Pennsylvanie, qu'il est né.

Le Michigan

L'État est un peu moins doté en grands électeurs (16) que les deux précédents, mais c'est ici que s'était tenue la bataille la plus serrée en 2016. Donald Trump n'y avait devancé Hillary Clinton que de 10 704 voix, selon un décompte final et précis. Soit environ 0,2 % des voix. Aujourd'hui, Joe Biden est largement en tête dans les sondages, mais rien n'est joué. Il y a quatre ans, la candidate démocrate était donnée 9 points devant son rival à quelques jours du scrutin… La situation est particulièrement tendue dans l'État cette année, depuis qu'une tentative d'enlèvement de sa gouverneure, farouchement anti-Trump, a été déjouée par le FBI ou que des manifestants anticonfinement ont pénétré armés dans son Capitole.

Le Wisconsin

Les 10 grands électeurs du Wisconsin sont eux aussi à saisir. Autrefois, on considérait l'État comme faisant partie du « mur bleu », un rempart imprenable par les républicains. Obama l'avait largement emporté en 2008 et 2012. Si bien que Hillary Clinton n'avait même pas visité l'État lors de la campagne 2016… et que Trump l'avait battue sur le fil. Cette année, l'État a été secoué par des émeutes dans la ville de Kenosha, après le mort de Jacob Blake, un Afro-Américain tué par un policier. Reste à savoir qui de Joe Biden ou Donald Trump profitera de ce climat tendu pour emporter un État majoritairement blanc et rural.

Hormis ces quatre États chauds et disputés, d'autres swing states sont en jeu, mais le suspense et l'enjeu y sont moindres. Dans l'Ohio (18 grands électeurs), Trump est donné en tête – contrairement aux autres swing states –, il se doit d'emporter à nouveau l'État. La Caroline du Nord (15 grands électeurs), l'Arizona (11 grands électeurs) et l'Iowa (6 grands électeurs) sont aussi disputés, mais semblent moins représentatifs ou moins emblématiques que les quatre principaux.

Le score de Donald Trump sera également suivi dans deux grands États du Sud : le Texas (38 grands électeurs) et la Géorgie (16 électeurs). Bastions républicains, on les dit tentés par Joe Biden. Mais la perspective d'un « Texas bleu », souvent annoncée, est jusqu'ici toujours restée au stade du fantasme pour les démocrates.

Quant aux autres, les États non disputés, ils suivent la campagne de loin, un peu comme le reste du monde, et ne voient jamais passer un candidat. La Californie et New York, deux des États les plus peuplés, sont parmi les plus gros pourvoyeurs de grands électeurs (55 pour la Californie, 29 pour New York). Mais ni Biden ni Trump ne les courtisent. Car depuis 1992 pour les Californiens et 1988 pour les New-Yorkais, c'est le candidat démocrate qui est systématiquement élu. Pas de suspense en 2020, Donald Trump a depuis longtemps tiré un trait sur les 84 grands électeurs que pèsent les géants des côtes est et ouest.

Idem dans le « mur rouge », ces États, généralement peu peuplés et situés dans le centre du pays, qui votent républicains quel que soit le candidat désigné par le parti. Oklahoma, Wyoming, les Dakotas du Sud et du Nord… s'ils comptent chacun peu de grands électeurs, ils fournissent à Donald Trump une base confortable et fidèle sur laquelle il compte bâtir sa victoire en s'adjugeant un nombre suffisant de grands électeurs pour l'emporter.

La course aux 270

Le nombre que tous ont en tête est 270, comme le nombre de grands électeurs qu'il faut réunir pour obtenir la majorité. La présidentielle américaine est ainsi parfois surnommée « la course aux 270 » et chaque camp fait ses additions pour établir les différents scénarios lui donnant la victoire.

En excluant les États indécis, on estime que Biden a 212 grands électeurs assurés et Donald Trump seulement 125. Un retard important pour le président sortant. Mais en 2016, il avait finalement reçu le soutien de 304 grands électeurs, car il avait ravi l'ensemble des « swing states ».

S/LP/AFRICSOL

Commentaires