L'ouragan Dorian a fait au moins 20 morts et causé des dégâts inimaginables dans les îles des Bahamas sur lesquelles il a semé la dévastation, et après avoir perdu un peu de sa vigueur, il a repris de la force mercredi soir à l'approche de la côte sud-est des Etats-Unis.

Dans la soirée, le ministre de la Santé des Bahamas a déclaré à des médias locaux et américains que le bilan était passé de 7 à 20 morts et qu'il allait s'alourdir.

"Les opérations de sauvetage et l'exploration des maisons inondées viennent juste de commencer", a-t-il rappelé à une radio bahaméenne.

Un bilan confirmé lors d'une conférence de presse par le Premier ministre Hubert Minnis. Celui-ci a évoqué une "dévastation générationnelle" après le passage de Dorian sur les Bahamas, particulièrement sur les îles Abacos et de Grand Bahama.

Partout sur l'archipel, la crainte était palpable.

"Je n'ai pas de nouvelles de cinq des 14 personnes qui travaillent pour moi", déplorait auprès de l'AFP Robert Neher, propriétaire d'une cabane de pêche sur la pointe est de Grand Bahama. "Ces personnes n'ont rien, aucun d'entre eux n'a d'assurance", regrettait-il.

Dorian s'est acharné sur l'archipel, au-dessus duquel il est longtemps resté quasi immobile, faisant tomber jusqu'à 76 cm de pluie.

"J'ai vu beaucoup de gens se battre pour de la nourriture" a assuré à l'AFP Larry Lewis, à Freeport, sur la côte ouest de l'île. "La plupart des gens ont perdu tous leurs vêtements, ils n'ont que ce qu'ils portent sur eux".

Marsh Harbour, la principale ville des îles Abacos, a elle été détruite à 60%, selon le Premier ministre. L'aéroport était sous l'eau, toute la zone ressemblant à un lac.

Le président américain Donald Trump lui a présenté ses condoléances, annonçant que les Etats-Unis apporteront tout le soutien nécessaire au peuple Bahaméen.

Les Nations unies ont estimé mercredi soir qu'environ 70.000 personnes avaient "besoin d'une aide immédiate" aux Bahamas. Le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, Mark Lowcock, a indiqué que l'ONU avait débloqué un million de dollars de son fonds d'urgence pour apporter une première aide aux sinistrés.

- "Ouragan erratique" -

De la catégorie 5, la plus élevée, l'ouragan avait été rétrogradé en catégorie 2 mais les météorologues américains l'ont remonté en catégorie 3 mercredi soir. Avec des vents allant jusqu'à 185 km/h, Dorian se trouvait à 03h00 GMT à environ 170 kilomètres au sud de la ville côtière de Charleston (Caroline du Sud) et progressait à environ 11 km/h en direction du nord. La Floride devrait en revanche êrte épargnée.

"C'est un ouragan très erratique, très lent, très puissant", a affirmé Donald Trump mercredi. "Mais nous sommes très bien préparés".

Il a appelé la population à rester prudente. "S'il vous plaît, ne baissez pas la garde. Alors qu'il se dirige vers la côte, beaucoup de choses mauvaises et imprévisibles peuvent arriver!", a-t-il tweeté.

Plusieurs parties de la côte sud-est des Etats-Unis, où vivent des millions de personnes, ont été placées en état d'urgence. Des ordres d'évacuation obligatoires ont été émis dans plusieurs zones.

Le Centre national des ouragans américain (NHC), basé à Miami, a mis en garde contre la montée des eaux dans ces régions, parlant d'une situation potentiellement extrêmement dangereuse.

Sous un ciel gris, la mairie de Charleston, ville touristique de Caroline du Sud, ainsi que de nombreux magasins et habitations, avaient calfeutré leurs fenêtres avec des panneaux de bois en attendant l'arrivée de la tempête, ont constaté des journalistes de l'AFP.

- Dévastation aux Bahamas -

Aux Bahamas, la destruction était immense, selon des images aériennes de l'île de Grand Abaco. Des centaines de maisons ont vu leur toit s'envoler, des voitures étaient submergées par les inondations, des bateaux étaient en miettes.

A l'aéroport de Nassau, la capitale, les hélicoptères des secours s'envolaient pour les zones dévastées, tandis que plusieurs ambulances attendaient de transporter les blessés rapatriés vers les hôpitaux locaux.

"Il ne nous reste rien", s'attristait Meghan Bootle, 21 ans, étudiante à Nassau dont la famille vit dans le nord de Grand Abaco.

La Croix-Rouge a indiqué que 13.000 maisons pourraient avoir été endommagées ou détruites. Les gardes-côtes américains et la marine britannique participaient aux secours.

Plusieurs églises organisaient des collectes dans le quartier de Coconut Grove, berceau de la communauté bahaméenne à Miami, en Floride.

"L'élan de soutien, de générosité est génial", constate Robert Neher, réfugié en Floride. Ne faisant pas confiance au gouvernement des Bahamas pour apporter son soutien à la population, il a lui-même lancé une cagnotte en ligne pour récolter des fonds.

S/AFP/Africsol

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