Et de quatre: les syndicats exigeant le retrait de la réforme des retraites, menés par la CGT et FO, organisent jeudi une nouvelle journée interprofessionnelle de grèves et manifestations, dans un bras de fer avec l'exécutif qui dure depuis plus d'un mois.

Le 5 décembre, au premier jour du mouvement, entre 806.000 (ministère de l'Intérieur) et 1,8 million (CGT) de personnes avaient battu le pavé, un score qui n'a plus été égalé les 10 et 17 décembre même si la tension n'est pas retombée.

La SNCF, qui a appelé les Franciliens à éviter les trains de banlieue jeudi, prévoit un trafic "très perturbé", avec 60% des TGV, 40% des TER et un tiers des Transilien en circulation.

"C'est une journée a priori de fortes mobilisations, mais on est encore dans l'attente de voir ce qui va se passer", a indiqué la compagnie ferroviaire, où le taux de grévistes a commencé mercredi à remonter très légèrement.

A la RATP, le trafic reste "fortement perturbé", avec toutefois quelques "améliorations" sur quatre lignes du métro parisien.

Chez ces deux opérateurs, la grève dure de façon ininterrompue depuis 36 jours. Il s'agit de la plus longue depuis la création de la SNCF en 1938. En 2018, les cheminots avaient mené 36 jours de grève contre la réforme de la SNCF, mais au rythme de deux jours d'arrêt de travail sur cinq.

Sur les routes d'Ile-de-France, peu avant 08H00, on enregistrait "seulement" 328 km de bouchon, un chiffre inhabituellement bas par rapport aux pics des dernières semaines et Paris, un peu comme le premier jour du mouvement, semblait déserté.

De son côté, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) anticipe des "perturbations et des retards" possibles. Elle a demandé aux compagnies aériennes d'annuler un tiers des vols au départ et à l'arrivée de l'aéroport de Toulouse.

En dehors des transports, les grèves se poursuivent également dans d'autres secteurs, notamment chez les avocats ou dans les raffineries, ainsi que dans l'éducation nationale.

La suite du mouvement sera décidée lors d'une réunion jeudi, après la manifestation parisienne, qui partira en début d'après-midi de place de la République, direction l'église Saint-Augustin, près de la gare Saint-Lazare. D'autres manifestations auront lieu partout en France.

Depuis le début de la crise, des concessions ont déjà été faites par l'exécutif à plusieurs corps de métier, comme les policiers, les danseurs de l'Opéra, les marins, les pilotes...

L'intersyndicale campant sur sa position de retrait pur et simple du texte, l'exécutif tente plutôt d'amadouer la CFDT, favorable au principe d'un système "universel" par points unifiant les 42 régimes actuels, mais braquée sur l'âge pivot à 64 ans.

- Cotisations patronales -

En début de semaine, Edouard Philippe a tendu la main à Laurent Berger en proposant une "conférence de financement", suggérée par le leader cédétiste. Il a invité les partenaires sociaux vendredi pour parler du "mandat de cette conférence" et du "délai qui lui sera accordé" pour trouver des solutions.

La CFDT a bien reçu ce "signe d'ouverture", a dit M. Berger mercredi, tout en jugeant qu'on était "encore loin d'un accord" et d'un "abandon" de l'âge pivot

Pour maintenir la tension, le premier syndicat français a lancé une pétition en début de semaine contre l'âge pivot et prévoit des rassemblements samedi un peu partout. Le même jour, l'intersyndicale opposée à la réforme organisera une cinquième journée de mobilisation.

Sur le financement du système des retraites, la CGT partage une demande avec la CFDT: que la hausse des cotisations patronales soit mise sur la table de la concertation vendredi. Pas question pour le patronat.

D'ici à la présentation du projet en conseil des ministres le 24 janvier, le chantier de la réforme se poursuit, avec des rencontres programmées entre les syndicats et des membres du gouvernement, notamment sur la pénibilité ou l'emploi des seniors.

Dans la fonction publique, la CGT, la CFE-CGC et la FSU ont claqué la porte de celle sur la pénibilité.

S/AFP/AFRICSOL

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