Moment de vérité pour Emmanuel Macron: le chef de l'Etat livre jeudi devant la presse ses réponses au grand débat, pour tenter d'éteindre la crise des "gilets jaunes" et relancer son quinquennat à un mois des élections européennes.

A 18H00, le chef de l'Etat prendra place face à plusieurs centaines de journalistes dans la salle des fêtes de l'Elysée pour y dévoiler les enseignements tirés du grand débat qu'il avait lancé le 15 janvier.

Emmanuel Macron devait s'adresser aux Français le 15 avril mais l'incendie de Notre-Dame l'a contraint à reporter son allocution.

Entretemps, des fuites dans les médias l'ont privé de l'effet de surprise et obligé à revoir son plan de communication.

Il débutera la conférence de presse, retransmise par les principales chaînes de télévision et de radio, par une déclaration d'une vingtaine de minutes qui "donnera des perspectives et un cap", selon l'Elysée. Puis il entrera dans le détail des mesures en répondant aux questions des journalistes français et étrangers.

Il devrait ainsi préciser les conditions de baisses d'impôts pour les classes moyennes, de réindexation des retraites inférieures à 2.000 euros ou la promesse de ne pas fermer d'écoles ou d'hôpitaux jusqu'à la fin du quinquennat.

- Gouvernement mobilisé 

Des clarifications sont également attendues sur un possible allongement de la durée du travail pour financer la dépendance et le grand âge.

Le Haut-commissaire à la réforme des retraites Jean-Paul Delevoye a cependant affirmé mercredi que l'âge légal de départ à la retraite, fixé à 62 ans, "ne changera pas". Tout en précisant que "l'intérêt de l'équilibre du système" est un départ "à 63-64 ans".

Des éclaircissements sont également escomptés sur le projet de supprimer l'Ecole nationale d'administration (ENA) pour diversifier les recrutements dans la haute fonction publique.

"Est-ce qu'il faut supprimer l'ENA peut-être, est-ce qu'il faut la réformer sûrement, (...) mais est-ce une priorité, sûrement pas", a attaqué mercredi soir le patron des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, évoquant sa crainte d'"un joli rideau de fumée" en "sortie du grand débat".

Emmanuel Macron est en outre appelé à expliciter ses intentions sur la décentralisation, les référendums locaux ou la transition écologique.

Avec cette conférence de presse, il va pouvoir "aller au fond des choses, à un moment donné où il semble être un peu au dos du mur", estime Gaspard Gantzer, ancien conseiller en communication de François Hollande.

Mais "sa capacité à être le meilleur joueur à Questions pour un champion ne nous intéresse pas tellement", ajoute-t-il, alors que le chef de l'Etat a participé à plus de 90 heures de débats à travers la France.

- Scepticisme -

Yannick Jadot, tête de liste EELV pour les européennes, souhaite que ce rendez-vous "soit un tournant dans ce quinquennat parce que pour l'instant, on ne peut que constater que la grande promesse de réconciliation des Français autour d'un grand projet n'a pas été tenue".

"J'attends qu'il nous dise où est-ce qu'il veut amener la France. Si c'est dans la droite, le sarkozysme +le travailler plus pour gagner plus+, qu'il l'assume et qu'il présente une vision cohérente", a souligné Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique aux élections européennes.

Les membres du gouvernement sont appelés à "se mettre en ordre de bataille très rapidement" pour défendre et lancer les mesures annoncées, a indiqué la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye. Pour cela, le Premier ministre Edouard Philippe réunira lundi en "séminaire" ministres et responsables de la majorité, avec l'"ambition de changer la méthode de l'action gouvernementale".

Au cours du grand débat, Emmanuel Macron a en effet affirmé son ambition d'enclencher une nouvelle phase de son quinquennat, notamment en exerçant un pouvoir moins vertical et en incluant davantage le Parlement, les élus locaux et les corps intermédiaires.

"La solution à la crise d'identité et à la crise sociale que nous traversons ne peut se résumer à une déclinaison de mesures catégorielles sur le pouvoir d'achat, la fiscalité et la crise de la représentation", a averti le président du Sénat Gérard Larcher (LR) mardi, appelant à "s'attaquer aux racines du mal": le sentiment pour une partie des Français de "ne plus compter".

Ceux-ci attendent ces annonces avec scepticisme. Tout en approuvant les principales mesures que devrait confirmer le président, plus de trois quart d'entre eux (76%) estiment que le grand débat ne permettra pas d'améliorer la situation politique, économique et sociale du pays, selon un sondage Ipsos-Sopra Steria pour Le Monde, le Cevipof et la Fondation Jean-Jaurès.

S/AFP/Afric'sol

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