Après le bilan des contributions au grand débat national, Edouard Philippe doit présenter mardi devant l'Assemblée nationale le sens politique qu'il donne à cette consultation, un exercice d'équilibriste devant des députés qui attendent des propositions concrètes pour pouvoir débattre.

"Demain, devant l'Assemblée nationale puis mercredi devant le Sénat, j'aurai l'occasion de préciser les enjeux", a expliqué lundi le Premier ministre après avoir rendu compte de la synthèse de deux mois de consultations en réponse à la crise des "gilets jaunes".

"C'est une étape cruciale", selon le délégué général de LREM Stanislas Guerini, pour qui il est "utile que le Premier ministre prenne le temps de dégager les grands enjeux qui se dégagent de ce débat et auxquels on doit apporter des réponses". Il va donner "un premier sens politique à la consultation", a abondé le président du groupe LREM Gilles Le Gendre.

Une longue après-midi de débats est prévue à partir de 16H30 dans l'hémicycle avec une déclaration du chef du gouvernement, suivie de 3H30 d'interventions des présidents de groupe et d'un député non-inscrit, et la réponse du Premier ministre, mais sans vote.

Edouard Philippe s'était déjà exprimé le 5 décembre devant l'Assemblée pour présenter des premières mesures face à la crise des "gilets jaunes" sans engager sa responsabilité, comme le prévoit l'article 50-1 de la Constitution.

Lors de son intervention au Grand Palais lundi, quatre grands axes de réformes ont été évoqués, à commencer une baisse plus rapide des impôts pour répondre à "une immense exaspération fiscale", et un rééquilibrage entre métropole et petites communes pour répondre "à une exigence de fraternité et de proximité".

Edouard Philippe a également estimé qu'en matière d'environnement, les Français "ne veulent plus que des taxes leur dictent ce qu'ils doivent faire" et la nécessité de "construire les outils d'une démocratie plus délibérative" pour répondre à "une exigence démocratique".

"Il reviendra bien entendu au président de donner les grandes orientations puis au gouvernement de travailler avec le parlement (...) les partenaires sociaux, les élus locaux et les acteurs associatifs", a précisé le Premier ministre, alors que le président Emmanuel Macron doit s'exprimer dans les jours à venir.

"L'agenda des solutions obéira forcement à plusieurs échelles de temps" mais "nous sommes parvenus à une situation où hésiter serait pire qu'une erreur, ce serait une faute", assure-t-il.

Le Premier ministre a vu lundi soir les députés de la majorité à l'Assemblée, notamment pour évoquer les suites du grand débat.

Les députés ont déjà eu l'occasion de s'exprimer sur le grand débat durant deux jours la semaine dernière.

Près de 15 heures d'échanges, qualifiés par certains de "mascarade" ou de "grand blabla", durant lesquels les orateurs, dans un hémicycle souvent clairsemé, ont montré des convergences sur l’état du pays et des positions irréconciliables sur les solutions à apporter.

"C'est une grande mascarade, on n'en voit pas le bout", a réagi dans le Parisien le patron des députés LR Christian Jacob, pour qui Emmanuel Macron et le gouvernement ne veulent qu'une chose: "Enjamber les Européennes".

"Il n'y a pour l'instant pas grand chose à en dire car pour nous, l'essentiel ce sont les réponses", a explique le porte-parole du groupe PS Boris Vallaud.

"Le Premier ministre nous dit que c'est le président qui va donner les grandes orientations. A partir de là, le débat à l'Assemblée me parait un peu inutile, si ce n'est l'occasion pour le Premier ministre d'entendre ce que les députés ont à lui dire", ajoute Jean-Christophe Lagarde, président du groupe UDI-Agir, évoquant "un feuilleton un peu répétitif".

"C'est l'heure de vérité, mais après la présentation du bilan, je redoute le pire. j'ai l'impression que le gouvernement ne tire du grand débat que ce qui l'arrange", prédit Sébastien Jumel (PCF), en annonçant "une déception à la hauteur des attentes" créées.

S/AFP/Afric'sol

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