"Avec cette nouvelle affaire, je ne crois plus à grand chose": de nombreux électeurs de la circonscription du Finistère où Richard Ferrand se représente pour les législatives, sont amers ou choqués par l'affaire immobilière impliquant le ministre de la Cohésion des territoires.

Sur le marché de Plomodiern, les commentaires vont bon train. Pour la plupart peu amènes vis-à-vis de leur député et nouveau ministre, pilier du mouvement En Marche!

"Je me rends compte que tous les hommes politiques, même ceux en qui on avait confiance, magouillent", lâche, dépité, devant un stand de primeurs, Patrick, un retraité de 69 ans.

Le Plomodiernais, visiblement désorienté, confie: "J'avais fondé mes espoirs sur Macron et là je suis tellement déçu par cette affaire... Je pensais voter pour la majorité présidentielle, mais là je ne sais plus ce que je vais faire".

"Je suis un sympathisant de gauche, mais là avec cette nouvelle affaire je ne crois plus à grand chose", se désole François, artisan d'une cinquantaine d'années. Pour lui, peu de doutes: "J'en ai ras-le-bol de ces politiques, ce sont tous des bandits, dit-il, je n'irai sûrement pas voter" les 11 et 18 juin.

- "Est-ce que c'est vrai ou pas ?" -

D'autres sont dubitatifs sur ce qui pourrait être reproché au ministre. "Cette histoire me choque car Ferrand est un bon député, mais est-ce que ce que l'on nous dit est vrai ou pas ?" s'interroge ainsi André, pour qui "il faut toujours se demander à qui profite le crime".

Jean-Claude, un retraité de Crozon, s'est lui déplacé dans la soirée à Telgruc-sur-Mer pour assister à une réunion publique de Richard Ferrand et se "faire une opinion sur cette affaire". Le sujet n'a cependant pas été abordé, selon des participants, la presse ayant été priée de quitter les lieux une dizaine de minutes après le début de la rencontre à laquelle ont assisté une centaine de personnes. "Je n'en reviens pas que la presse ait été mise à la porte d'une réunion publique!" s'est offusqué un participant.

Interrogé brièvement au terme de la rencontre pour savoir s'il craignait que l'ouverture d'une enquête à son encontre ait une incidence sur le scrutin à venir, M. Ferrand a répondu par la négative: "La justice en France est souveraine et, moi, j'ai confiance dans la justice".

Richard Ferrand, qui avait remporté les législatives de 2012 sous l'étiquette PS avec 58,36% des votes, face au DVD Dominique Cap, est visé depuis jeudi par une enquête préliminaire dans une affaire immobilière le concernant et révélée dans la presse fin mai.

Soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, le ministre de la Cohésion des territoires se présente sous les couleurs de la République en Marche (REM), face notamment à Gaëlle Nicolas, maire LR de Châteaulin et au régionaliste Christian Troadec, maire de Carhaix-Plouguer.

"L'image pour la classe politique de cette affaire est catastrophique, ça fait encore le jeu du Front national", déplore le maire de Carhaix et candidat de "Oui la Bretagne", rencontré à Châteaulin, des tracts sous le bras.

La circonscription, qui comprend notamment Châteaulin et Carhaix, soit 114.000 habitants et 86.000 électeurs, est géographiquement la plus étendue de France métropolitaine.

Gaëlle Nicolas abonde dans son sens: "le sujet revient régulièrement alors que moi je n'ai pas envie de parler de ça", regrette l'élue, jointe par téléphone alors qu'elle se trouvait à Ouessant dans le cadre de sa campagne, une île où se rendra samedi Richard Ferrand. "Les gens sont marqués par cette histoire", assure-t-elle.

source AFP/Africsolprod

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