L'entrée en force des troupes russes en Ukraine ce jeudi 24 février a surpris tous les observateurs, qui imaginaient soit une poursuite des négociations diplomatique, soit une offensive limitée au Donbass. Le colonel (en retraite) Michel Goya décrypte pour « Marianne » l'état des forces en présence des deux côtés, et les ripostes possibles… ou pas. Tout en pointant l'état d'impréparation des Ukrainiens et de leurs alliés face à une Russie déterminée.

D’un point de vue militaire, quelle est la situation aujourd’hui ?

Michel Goya : C’est une opération de grande envergure, qui met clairement la Russie en situation de force. Il y a quelques jours, deux scénarios étaient possibles. Soit une opération par surprise, mais limitée. Pas de discussion avant, pas de négociations, cela a été le cas de figure, par exemple, avec l’annexion de la Crimée. Soit avec une annonce préalable, ce qui permet aux Russes de mettre le maximum de moyens et d’établir un rapport de force écrasant. Cela sous-entend que les Russes ont anticipé qu’il n’y aurait pas de réaction occidentale. Si on ne joue pas sur la surprise et la vitesse, on met le paquet, un maximum de masse.

Pour quoi faire ? À ce stade il y a plusieurs options. Soit une offensive généralisée sur l’Ukraine, on fonce sur Kiev, on occupe le pays et on change le régime avec un président plus favorable à la Russie. Ça, c’est l’option maximale. L’autre plus limitée consisterait à occuper la totalité des provinces du Donbass, Donetsk et Louhansk, puisque pour le moment les deux républiques séparatistes n’occupent qu’une moitié du territoire, ainsi que les régions russophone a l'Est du pays du Dniepr, en réalité tres trés mélangées.

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