Selon l'agence de presse officielle turque Anadolu, Recep Tayyip Erdogan remporte l'élection présidentielle avec 52 % des suffrages exprimés.

Certains le voyaient battu, Recep Tayyip Erdogan a revendiqué dimanche la victoire à la présidentielle, qui le laisse maître de la Turquie pour cinq années supplémentaires. « Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour les cinq prochaines années », a-t-il lancé, juché sur un bus devant son domicile d'Istanbul, au terme d'une élection qui l'a contraint pour la première fois à un second tour.

Selon les résultats portant sur plus de 98 % des bulletins, publiés par l'agence de presse officielle Anadolu, le chef de l'Etat a obtenu 52,1 % des suffrages contre 47,9 % à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de l'alternance et de la « démocratie apaisée » qu'il promettait.

Des rassemblements spontanés se sont formés partout dans les villes où le « Reis » a triomphé, en particulier au cœur de l'Anatolie.

Ni le désir de changement et d'ouverture d'une partie de l'électorat, ni l'inflation sévère qui mine la Turquie, ni les restrictions aux libertés et l'hyperprésidentialisation d'un pouvoir qui a envoyé des dizaines de milliers d'opposants derrière les barreaux ou en exil, n'ont pesé face au désir de sécurité et de stabilité qui s'était déjà exprimé au premier tour du scrutin.

Pas même les conséquences du terrible du séisme de février (au moins 50 000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du pays, qui ont largement reconduit le chef de l'État.

Le parti du président Erdogan, l'AKP islamo-conservateur, sur lequel il a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés. Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus, malgré une campagne qui prenait le contrepied de celle du président en promettant le « retour du printemps » face aux invectives.

Considéré par beaucoup, y compris au sein de l'opposition, comme un candidat terne et sans charisme, M. Kiliçadaroglu, qui emmenait une coalition de six partis, avait fini par imposer sa marque, des cœurs avec les doigts lors de ses meetings et une faconde posée de « demokrat dede », un « papy démocrate ». Mais il n'a pas su imposer l'économie ni la crise dans le débat électoral et s'apprête, comme il l'avait promis, à « retourner s'occuper de ses petits-enfants ».

Le camp Erdogan n'a eu de cesse de qualifier l'opposition emmenée par Kiliçdaroglu de « terroriste » en raison du soutien que lui ont apporté les responsables du parti pro-kurde HDP.

S/M/Africsol

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