Le leader de l’UFDG n’a pas attendu l’annonce officielle des résultats pour dénoncer des fraudes et revendiquer la victoire dès le premier tour du scrutin.
« Malgré les graves anomalies qui ont entaché le bon déroulement du scrutin du 18 octobre et au vu des résultats à la sortie des urnes, je sors victorieux de cette élection dès le premier tour », a annoncé très officiellement Cellou Dalein Diallo aux médias et à quelques centaines de partisans surexcités, entassés à Conakry dans la cour du siège de son parti, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Le leader de l’opposition a ensuite invité les Guinéens « épris de paix et de justice à rester vigilants et mobilisés pour défendre cette victoire de la démocratie ». A ces mots, les dizaines de chauffeurs de moto-taxi présents dans l’assistance sont repartis au guidon de leurs machines pétaradantes parader dans les rues du quartier Hamdallaye, acquis à l’UFDG, au cri de « Cellou président ».
Pour expliquer sa précipitation, le chef de l’opposition guinéenne, déjà battu deux fois à la présidentielle par Alpha Condé, a affirmé au « Monde Afrique » que « le pouvoir est en train de frauder en changeant les résultats en sa faveur ». Aucun chiffre confirmant cette victoire ni détail des anomalies n’ont été avancés.
« Personne ne croit plus en rien »
« Que ces faits de trucage soient réels ou pas, nous n’en savons rien, mais cela montre surtout l’état de défiance absolue envers les institutions nationales et les voies de recours légales. Personne ne croit plus en rien. Cette déclaration peut être dangereuse, en ne laissant d’autre option que la rue et la violence », déplore, anonymement, un acteur de la société civile, opposant déterminé au pouvoir d’Alpha Condé mais embarrassé par cette victoire autoproclamée à la hussarde.
En 2010 et 2015, les succès du président sortant avaient déjà soulevé de violentes contestations, sur fond d’accusations de fraudes. Cette année, sa candidature n’a été rendue possible qu’après l’adoption controversée d’une nouvelle Constitution, à l’issue d’un référendum boycotté par l’opposition. La répulsion politique entre ces deux pôles opposés, attisée par une forme de populisme ethnique, est absolue.
La prise de position de la CENI, seule autorisée à annoncer les résultats mais accusée d’être inféodée au pouvoir, n’y changera probablement rien. La commission a jugé la déclaration de l’opposant « prématurée », « nulle et de nul effet ». Selon l’AFP, la CENI pourrait annoncer les résultats « avant la fin de la semaine », résultats qui devront ensuite être validés par la Cour constitutionnelle, une autre institution démonétisée.
Prenant acte du « déroulement globalement pacifique » du scrutin de dimanche, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ainsi que l’ONU ont, dans un communiqué commun, jugé « regrettables » les annonces des résultats en dehors de la voie légale. Ces organisations ont également appelé les populations « au calme et à la retenue ».
Enfin, et sans surprise, le Rassemblement du peuple guinéen (RPG), au pouvoir, a aussi « condamné sans réserve une déclaration irresponsable ». Signe de la volatilité de la situation, il a appelé ses partisans à rester « calmes, sereins et mobilisés », tout en se déclarant en coulisse, au plus haut niveau du pouvoir, assuré de la victoire au premier tour.
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