Six candidats étaient présents ce jeudi soir à l’invitation de France 2. Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud et Jean Lassalle ont répondu aux questions de Léa Salamé et Laurent Guimier.
La campagne touche à son but et les Français n’ont peut-être jamais été aussi indécis à ce stade de la campagne. La moitié des candidats officiels à l’élection présidentielle était représentée ce soir sur France 2 pour l’émission Elysée 2022. Marine Le Pen, donnée finaliste dans tous les sondages, Jean-Luc Mélenchon l’outsider, mais aussi Fabien Roussel, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud et Jean Lassalle ont participé à l’émission.
Marine Le Pen la joue sereine
« Je suis prête ». La candidate du Rassemblement national n’a sans doute jamais été aussi forte dans cette campagne électorale. Donnée finaliste dans tous les sondages désormais face à Emmanuel Macron, Marine Le Pen réaliserait ainsi une performance jamais réalisée dans l’histoire de son parti, celui de se qualifier deux fois d’affilée au second tour du suffrage ultime. Marine Le Pen dénonce la traîtrise de ceux qui ont choisi de rallier la campagne d’Éric Zemmour, en épargnant tout de même sa nièce Marion Maréchal. Elle s’autocongratule, aussi, en vantant les mérites de sa campagne de terrain, qui serait passée sous silence par la médiatisation d’Éric Zemmour. Une campagne qui lui permet aujourd’hui de s’offrir le luxe de menacer le camp Macron. « Le plafond de verre ça n’existe pas, jure-t-elle. Si les Français votent, ils auront un autre président qu’Emmanuel Macron et je souhaite que ce soit moi. Le nom de Le Pen est le mien, j’en suis fière. C’est aussi un symbole de courage. »
Lors de sa séquence de questions-réponses, la candidate a défendu son programme, assumant son refus d’augmenter le smic et se disant opposée à la création d’un ministère de la remigration, comme le souhaite Éric Zemmour. Elle a aussi estimé que si la guerre venait à cesser en Ukraine, alors Vladimir Poutine pourrait parfaitement redevenir un allié de la France.
Dupont-Aignan et ce temps qui lui manque tant
C’est le candidat de Debout La France qui a lancé les hostilités de la soirée. Après avoir fait l’éloge de Philippe Séguin, un homme qui n’a selon lui pas eu l’audace d’aller au bout de ses ambitions et qui lui a donné l’envie dit-il de se lancer dans l’arène politique. Et lorsqu’on lui demande quel est son plus grand regret dans cette campagne, lui estime avoir craint trop longtemps de ne pouvoir glaner les 500 parrainages nécessaires pour concourir. Alors il aimerait que les journées soient plus longues, dit-il, pour battre campagne comme il aurait souhaité le faire.
Le candidat estime que la « démocratie est en train de crever ». Il dénonce une « manipulation de la campagne » par Emmanuel Macron, qui chercherait dit-il à enjamber la campagne. « Je propose qu’Emmanuel Macron mette sa signature sur le non-recours aux cabinets de conseil », lance-t-il, mettant sur la table immédiatement ce dossier qui perturbe la campagne du président sortant.
Fabien Roussel, la balade des « jours heureux »
Le candidat communiste, que les Français ont découvert ces dernières semaines, défend sa ligne des « jours heureux », en cette période de guerre, d’inflation galopante. « Il faut dire aux Français que le meilleur de la France, ce sont eux », plaide-t-il. Il exprime un regret dans cette campagne : ne pas avoir parlé suffisamment du cancer, que les débats n’aient pas été poussés sur ce sujet.
Le député est revenu sur ses thèmes de prédilection. Le droit de bien manger. De « manger français, manger local ». Une ligne qui étonne un téléspectateur, qui lui a demandé si elle était vraiment suffisante au vu des enjeux. Il défend sa décision de ne pas se rallier à Jean-Luc Mélenchon. « J’ai montré que j’avais réussi à porter des sujets originaux, différents de ceux de Jean-Luc Mélenchon. Quand nous avons été présents au premier tour ça n’a jamais empêché la gauche de gagner. »
Mélenchon n’aime pas sa photo et désigne trois adversaires
Le candidat, qui n’hésite jamais à pousser un coup de gueule, a attaqué fort sa prestation en critiquant le choix de la photo choisie pour lui par France 2. Son regret de campagne : que le sujet de l’eau, un thème qu’il a décidé d’épouser, n’a pas trouvé sa place dans la campagne. « Que voulez-vous, vous appuyez sur un bouton et vous avez l’Ukraine du matin au soir », dit-il. Il aurait aussi aimé imposer le thème de la pauvreté. « S’il était là, François Mitterrand me dirait N’oublie pas ton camp : demain c’est la fin de la trêve hivernale, des milliers de gens vont se retrouver à la rue. Restez fidèles, marchez votre chemin. Je marche, monsieur ! »
Mélenchon affirme être en position de se qualifier pour le second tour de l’élection. Il désigne trois adversaires : Emmanuel Macron, « quelqu’un qui applique la logique de marché jusqu’au bout », qui incarne « un monde qui est fini ». Qui aurait abusé de contrats « absurdes » avec les cabinets de conseil. Les deux autres adversaires, sans surprise, Marine Le Pen et Éric Zemmour. « Pour l’instant, c’est pas moi qui excite le peuple français contre les Musulmans, répond-il quand on l’interroge sur son tempérament. Moi je ne vous juge pas sur les apparences ! »
Jean Lassalle et « la campagne de merde »
Ne demandez jamais à Jean Lassalle s’il assume ses propos passés. La réponse sera oui. Alors le candidat a répondu oui lorsqu’on lui a demandé s’il regrettait d’avoir parlé « d’une campagne de merde ». Il se mue en « lanceur d’alerte », déplorant que les journalistes n’aient pas traité tous les candidats de la même manière. Les journalistes seraient des lâches, attaque-t-il, il critique un système qui a remplacé la démocratie. « Les Français allaient voter à 90 % auparavant. Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? » L’ambiance s’est comme tendue par moments en plateau. « Je participe à une compétition où les règles du jeu n’existent pas. Elles peuvent être changées à tout moment et par n’importe qui », balance encore Jean Lassalle, visiblement très remonté contre la presse. Avec cette confidence : Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy lui auraient proposé d’être candidat lorsqu’ils étaient présidents.
Nathalie Arthaud et le « ronron électoral »
La candidate de Lutte ouvrière, qui postule à l’Élysée pour la troisième fois de sa carrière politique, a tenu sa posture de farouche opposante au capitalisme. Lorsqu’on lui demande si elle battra les cinq candidatures d’Arlette Laguiller, elle balaie d’un revers de main, déplore ce « ronron électoral » qui serait très éloigné des attentes des Français. La candidate rappelle la contestation des Gilets jaunes, « qui aurait pu rentrer dans les entreprises et être massive ». Elle appelle à une explosion de colère dans les entreprises, pour se confronter au grand patronat. À une révolution, pour se retourner contre ceux qui sont au pouvoir, « en Russie, en Ukraine. Ici aussi ».
Si la candidate considère que Vladimir Poutine est responsable de l’envahissement de l’Ukraine, Nathalie Arthaud qualifie aussi de responsables l’Otan, les États-Unis et son impérialisme. Elle dénonce une manipulation grossière, lorsque Vladimir Poutine aurait été présenté comme « un monstre sanguinaire psychopathe ».
S/LE PARISIEN/Africsol
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