Un nouveau variant « particulièrement préoccupant » a été détecté en Afrique du Sud et se propage très rapidement. Un cas a été détecté en Belgique. En conséquence, la France comme d'autres pays européens, vient d'annoncer la suspension des vols en provenance d'Afrique australe. Est-ce suffisant pour éviter une nouvelle flambée de la pandémie ?
D'OÙ VIENT CE VARIANT ?
Ce pourrait être la situation que redoutaient les soignants. Alors que la France fait face à un regain de l'épidémie de Covid-19, un nouveau variant « particulièrement préoccupant », nommé B.1.1 529, a été détecté par l'Afrique du Sud, dans la province du Gauteng, la plus urbanisée du pays, où se trouvent les villes de Pretoria et de Johannesburg. Il se propagerait très rapidement, un premier cas vient d'être detecté en Belgique ce vendredi 26 novembre, une première en Europe.
Si on ne sait pas encore précisément quand il a émergé, le premier cas confirmé en Afrique du Sud concerne un patient dont le prélèvement a été réalisé peu avant mi-novembre. Selon la revue scientifique Nature, la souche aurait été identifiée « pour la première fois au Botswana ».
À ce jour, 22 cas ont été signalés, touchant principalement des jeunes, selon l'Institut national des maladies transmissibles sud-africain. Après avoir connu une accalmie à l'issue d'une troisième vague très virulente cet été, l'Afrique du Sud voit désormais le nombre de cas de Covid-19 augmenter, sans qu'un lien avec ce nouveau variant ne soit pour le moment établi. Le taux de vaccination y est assez faible : 24 % de la population a reçu deux doses. D'autres analyses génétiques ont montré que ce variant « est responsable de la totalité des 77 échantillons de virus » analysés à Gauteng et collectés entre le 12 et le 20 novembre. L'analyse de centaines d'autres échantillons est en cours.
La situation est susceptible d'évoluer très rapidement. En plus de la Belgique, des cas ont également été rapportés au Botswana voisin, à Hong Kong et en Israël, ce vendredi 26 novembre. « Il s'agit d'une personne revenue du Malawi », a indiqué le ministère israélien de la santé, qui craint « deux cas supplémentaires de personnes revenues de l’étranger ». Le Malawi n'est pas un pays frontalier de l'Afrique du Sud, ce qui laisse supposer que ce variant s'est diffusé dans toute l'Afrique australe.
QUE SAIT-ON DE SA DANGEROSITÉ ?
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a classé, le nouveau venu, parmi les « variants sous surveillance ». B.1.1 529, qui devrait être rebaptisé « Nu », porte une trentaine de mutations sur sa protéine Spike, celle qui permet au virus de se fixer à nos cellules. Les modifications à cet endroit sont particulièrement problématiques car elles peuvent le rendre plus transmissible.
Surtout, c'est sur cette protéine qu'agissent les vaccins. Des modifications peuvent donc limiter l'efficacité des formules utilisées pour la vaccination. Le laboratoire allemand BioNTech, allié à Pfizer, annonce avoir lancé des études pour déterminer si le nouveau variant détecté en Afrique du Sud est capable d'échapper à la protection vaccinale. Les conclusions sont attendues d'ici à deux semaines.
Le risque est que ce nouveau variant soit plus contaminant et plus résistant à l'immunité conférée par les vaccins. Il pourrait alors causer une nouvelle vague de l'épidémie, ce que redoutent les épidémiologistes. Cela a déjà été observé avec le variant Alpha à partir de décembre 2020, ou avec le variant Delta depuis le début de l'été 2021. « Pour le moment, il faut rester très prudent », explique l'épidémiologiste Jonathan Roux à Marianne
« Il n'y a que 22 cas signalés. Il faut malheureusement attendre qu'il y en ait plus pour savoir s'il est vraiment plus contaminant et s'il résiste mieux à l'immunité. On a déjà eu des alertes avec le variant Beta, au Brésil, qui ne s'est finalement pas diffusé largement en Europe », précise Jonathan Roux. L'OMS organise une réunion importante ce vendredi 26 novembre pour juger de sa dangerosité.
POURQUOI FERME-T-ON LES FRONTIÈRES ?
Comme l'Allemagne, l'Italie ou le Royaume-Uni, la France vient de décider de suspendre les arrivées en provenance d'Afrique australe, ce vendredi 26 novembre. Sept pays sont concernés par cette mesure : l'Afrique du Sud, le Lesotho, le Botswana, le Zimbabwe, le Mozambique, la Namibie et l'Eswatini (ex-Swaziland). Plus tôt dans la journée, la Commission Européenne a également proposé d'interdire les vols à l'échelle européenne. Une décision dénoncée comme « hâtive » par le gouvernement sud-africain. L'OMS indique pour sa part qu'elle « déconseille la mise en œuvre de mesures de restrictions aux voyages ».
Selon la revue Nature, « les études montrent que des fermetures strictes des frontières au tout début de la pandémie auraient pu aider à limiter sa propagation. Mais une fois que le virus a commencé à se diffuser largement dans plusieurs pays, la fermeture des frontières a des bénéfices restreints ». La suspension des vols ne devrait donc pas permettre d'endiguer totalement la propagation du virus en Europe. « Cela permet de gagner du temps mais on voit déjà qu'il est arrivé en Israël, donc on ne pourra pas l'empêcher de se répandre en Europe. Pour ralentir, il faudrait aussi suspendre les vols en provenance de tous les pays où il a été détecté », explique l'épidémiologiste Jonathan Roux
S/M/Africsol
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