Le Burkina Faso a demandé le départ des troupes françaises de son sol d'ici un mois, selon une lettre des autorités de Ouagadougou transmise par une source diplomatique ce dimanche 22 janvier.
Ouagadougou laisse un mois aux troupes françaises pour quitter le pays. C’est ce que confirme un document officiel transmis ce dimanche 22 janvier à l'AFP. Dans ce courrier du ministère des Affaires Étrangères burkinabé adressé à Paris et daté de mercredi, Ouagadougou « dénonce et met fin dans son entièreté à l'accord » du 17 décembre 2018 « relatif au statut des forces armées françaises intervenant » dans le pays sahélien.
Le Burkina Faso héberge actuellement un contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre. « Au regard du délai de préavis d'un mois imposé par ledit accord en cas de dénonciation, le ministère des Affaires Étrangères burkinabé apprécierait qu'une diligence particulière soit accordée à la présente dès réception », précise le document. La source diplomatique burkinabée n'était pas en mesure de confirmer dimanche si Paris avait accusé réception de ce courrier.
Interrogée, la présidence française a indiqué qu'elle attendait une confirmation de la position burkinabée au « plus haut niveau ». Dimanche après-midi, le président Emmanuel Macron a dit attendre « des clarifications » de la part du Burkina Faso sur une éventuelle demande de départ des troupes françaises stationnées dans le pays dans un délai d'un mois. Évoquant une « grande confusion » il a expliqué lors d'une conférence de presse à Paris vouloir attendre que le président de transition du Burkina, Ibrahim Traoré, « puisse s'exprimer », appelant à « garder beaucoup de prudence » sur le sujet.
TENSIONS DEPUIS DES MOIS
Une source proche du gouvernement burkinabé avait affirmé samedi à l'AFP que Ouagadougou avait demandé « le départ des soldats français dans un bref délai », confirmant des informations de l'Agence d'information burkinabé (AIB). La France, ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina Faso depuis plusieurs mois.
En décembre, les autorités burkinabées avaient demandé à Paris le remplacement de l'ambassadeur du France à Ouagadougou, Luc Hallade, dans leur collimateur pour notamment avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays. Plusieurs manifestations, la dernière vendredi, ont également eu lieu à Ouagadougou pour exiger notamment le retrait des forces françaises du pays. Le 10 janvier, Paris avait dépêché la secrétaire d'État, Chrysoula Zacharopoulou, pour y rencontrer le président de transition.
Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d'un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats notamment en matière de lutte contre le jihadisme qui mine ce pays depuis 2015. Parmi les nouveaux partenaires envisagés par Ouagadougou, la question d'un éventuel rapprochement avec la Russie est régulièrement évoquée. « La Russie est un choix de raison dans cette dynamique », et « nous pensons que notre partenariat doit se renforcer », a souligné la semaine dernière le Premier ministre burkinabé, Apollinaire Kyélem de Tambèla, à l'issue d'une entrevue avec l'ambassadeur de Russie, Alexey Saltykov. Début décembre, il avait fait une visite discrète à Moscou.
PRÉCÉDENT AU MALI
Cette demande de départ des forces françaises rappelle le précédent du Mali voisin : l'été dernier, la junte au pouvoir à Bamako avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence. De multiples sources rapportent que les autorités maliennes ont commencé à faire venir dès fin 2021 le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les agissements sont décriés dans différents pays, ce que la junte dément.
Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l'État islamique qui se multiplient. Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés. Jeudi, une trentaine de personnes sont mortes dans une série d'attaques touchant plusieurs localités du nord et du nord-ouest du pays. Le capitaine Ibrahim Traoré s'est donné pour objectif « la reconquête du territoire occupé par ces hordes de terroristes ».
S/MARIANE/Africsol
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