Les stars françaises Catherine Deneuve et Juliette Binoche, mère et fille dans un film du Japonais Hirokazu Kore-Eda, ont ouvert mercredi soir une 76e Mostra de Venise controversée en raison de la sélection du "J'accuse" de Roman Polanski, qui "gêne" la présidente du jury.

Pour son premier film tourné en France, il met en scène Catherine Deneuve dans le rôle d'une grande actrice qui entretient des relations compliquées avec sa fille, jouée par Juliette Binoche.

Les stars françaises Catherine Deneuve et Juliette Binoche, mère et fille dans un film du Japonais Hirokazu Kore-Eda, ont ouvert mercredi soir une 76e Mostra de Venise controversée en raison de la sélection du "J'accuse" de Roman Polanski, qui "gêne" la présidente du jury.

Catherine Deneuve, en noir et orange, et Juliette Binoche, en robe rose pâle, ont foulé le tapis rouge aux côtés du cinéaste japonais, pour présenter "La Vérité", drame familial en compétition pour le Lion d'or, qui marque le retour de Kore-Eda, un an après sa Palme d'or à Cannes pour "Une Affaire de famille".

Pour son premier film tourné en France, il met en scène Catherine Deneuve dans le rôle d'une grande actrice qui entretient des relations compliquées avec sa fille, jouée par Juliette Binoche.

"C'est le portrait d'une actrice vraiment très excessive. C'est tellement loin de moi que ça m'amusait à faire", a expliqué Catherine Deneuve à l'AFP.

La projection a suivi la cérémonie d'ouverture, qui a lancé à 19H00 (17H00 GMT) la compétition d'un festival qui ne manquera pas de stars, de Robert De Niro à Johnny Depp en passant par Penélope Cruz et Brad Pitt.

Cette 76e édition, avec 21 films départagés par un jury présidé par la réalisatrice argentine Lucrecia Martel, fera la part belle aux productions hollywoodiennes, confirmant l'histoire d'amour entre les Etats-Unis et la Mostra.

Cette année, les très attendus "Ad Astra", odyssée spatiale de James Gray avec Brad Pitt, "Joker", film de super-héros de Todd Phillips avec Joaquin Phoenix, ou "The Laundromat" de Steven Soderbergh, l'un des deux films Netflix en compétition, pourraient reprendre le flambeau des films de Venise couronnés ensuite aux Oscars.

Mais la vedette leur a pour l'instant été volée par une polémique, qui a suivi la sélection en compétition du film de Roman Polanski, "J'accuse".

Plusieurs voix se sont élevées pour critiquer la présence de ce thriller historique consacré à l'Affaire Dreyfus, avec Jean Dujardin, qui indigne les féministes.

"Nous savons tous que le monde a changé après #MeToo", a déclaré à l'AFP la fondatrice du groupe de pression Women and Hollywood, Melissa Silverstein. "La question que je pose est: +Est-ce un manque de conscience ou une indifférence délibérée?".

Le cinéaste franco-polonais, qui ne sera pas présent à Venise pour présenter son film, est toujours poursuivi par la justice américaine pour le viol d'une adolescente en 1977.

- "Aucun préjugé" -

La présidente du jury Lucrecia Martel a elle-même reconnu être "très gênée" par la sélection de ce film, lors de la conférence de presse inaugurale du festival.

Elle a indiqué qu'elle "n'assisterait pas" à la soirée de projection officielle du film vendredi. "Je représente beaucoup de femmes qui se battent en Argentine pour des questions comme celle-là, et je ne souhaite pas me mettre debout et applaudir", a-t-elle ajouté, tout en soulignant cependant qu'elle avait "vu que la victime considérait l'affaire close".

"Exclure ou mettre Polanski (en compétition) nous oblige à discuter, ce n'est pas une question simple à résoudre", a-t-elle dit.

Lucrecia Martel est ensuite revenue dans un communiqué officiel sur ses propos, affirmant qu'ils avaient été "mal compris" et qu'elle n'était "en aucune façon opposée" à la présence du film de Roman Polanski en compétition. Elle a ajouté qu'elle n'avait "aucun préjugé" sur cette oeuvre et la regarderait "de la même façon que tous les autres films de la compétition".

Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a quant a lui une nouvelle fois défendu son choix. "Je suis convaincu qu'il faut faire une distinction très claire entre l'homme et l'artiste".

"C'est l'un des derniers maîtres toujours actifs du cinéma européen", a-t-il ajouté. "J'ai vu le film de Polanski, je n'ai eu aucun doute et j'ai décidé de l'accepter".

Catherine Deneuve, qui a régulièrement défendu Roman Polanski, a de son côté indiqué à l'AFP qu'elle trouvait les critiques sur sa sélection "d'une violence inouie" et "totalement excessives".

Autre sujet polémique, la présence dans une section parallèle d'"American Skin", le nouveau film du réalisateur américain de "The Birth of a Nation", Nate Parker, acquitté en 2011 du viol d'une étudiante. Cette affaire avait pris de l'ampleur en 2016 après le suicide de cette dernière.

Le festival a également été attaqué sur le faible nombre de femmes en compétition: seulement deux, la Saoudienne Haifaa Al-Mansour avec "The Perfect Candidate" et l'Australienne Shannon Murphy avec "Babyteeth".

Alberto Barbera a affirmé que s'il avait trouvé d'autres réalisatrices à mettre en compétition, "il les aurait acceptées", mais qu'il était "tout à fait contre les quotas de femmes quand on fait une sélection". "Ce serait à mon avis une erreur effarante".

Allant à son encontre, la présidente du jury, Lucrecia Martel, s'est exprimée clairement en faveur des quotas.

"Ca ne me plaît pas mais je ne connais pas d'autre système", a-t-elle dit. "Il faut donner aux femmes la place qui leur est due".

S/AFP/AFRICSOL

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