Tony Estanguet, leader de la candidature parisienne, est un enfant de l'olympisme, biberonné aux médailles avant d'atteindre la maturité avec Paris-2024 dont il est le patron annoncé pour les prochaines années. Après de nombreux coups de pouce du destin.

A quoi tient une carrière? Celle du champion béarnais dans les instances sportives internationales aurait pu tourner court dès 2012.

Cette année-là, à Londres, fraîchement auréolé de son troisième titre olympique de canoë, Estanguet est en ballotage très défavorable après l'élection des athlètes qui doivent représenter leurs pairs au CIO. Seule la disqualification du candidat japonais et l'ultime verdict du tribunal arbitral du sport (TAS), plus d'un an après le vote, lui offrira un billet pour l'institution olympique.

Août 2013: Estanguet le dirigeant est désormais sur orbite. Avec comme modèle inavoué un autre triple champion olympique adoubé par le CIO, Jean-Claude Killy, qui a ramené les Jeux en France, en 1992 à Albertville, après avoir illuminé ceux de Grenoble de ses trois titres en ski alpin, en 1968.

- Carrière sportive en or -

C'est sur la durée que Tony Estanguet s'est lui constitué son immense palmarès: de Sydney-2000 à Londres-2012 en passant par Athènes-2004 pour les médailles olympiques, agrémentées de trois titres mondiaux, toujours en canoë monoplace.

Un curriculum vitae qui, lui aussi, tient à peu de choses: en 2000, c'est à l'arraché qu'Estanguet conquiert sa qualification pour les Jeux australiens aux dépens du favori, médaillé de bronze quatre ans plus tôt à Atlanta, son frère Patrice. C'est aussi pour lui qu'il remportera le premier de ses titres.

"Je suis arrivé à ce sport à travers une histoire familiale, il m'a fait grandir et m'a construit", confiait Tony Estanguet, tout jeune retraité, en 2012. "Après ma carrière, je me suis tout de suite embarqué dans (l)e projet (Paris-2024) et j'ai l'impression d'avoir grandi tout au long de l'aventure", reconnaissait-il en écho, dans une interview à l'AFP, peu avant l'attribution des JO-2024 à Paris.

- Carrière de dirigeant fulgurante -

Le parcours d'Estanguet-dirigeant est en effet fulgurant. Finalement adoubé par le CIO en 2013, un an après les autres nouveaux entrants élus à Londres, il rattrape son retard à toute allure, postule et entre dans toutes les commissions à sa portée tout en intégrant le comité des athlètes de l'Agence mondiale antidopage (AMA).

Sa jeunesse - 39 ans désormais - et sa fraîcheur séduisent. Jusqu'à Bernard Lapasset, alors en charge de poser les fondations d'une possible candidature française. L'ancien président de World Rugby forcera même gentiment la main d'Estanguet, en février 2015, en le nommant publiquement co-président de la candidature, alors que l'intéressé n'est même pas au courant.

Contraint mais pas forcé, l'ancien champion se lance à corps perdu dans le projet, joue de la sympathie dont il jouit partout, notamment au CIO, pour faire passer les messages parisiens, transforme la maire Anne Hidalgo, longtemps réticente, en passionaria du dossier. Son enthousiasme est communicatif.

"Le sport, l'olympisme, m'ont tout donné. J'ai envie de rendre un peu de ce que j'ai gagné en ramenant les Jeux à Paris, pour essayer de mettre un petit peu plus de sport dans la société, pour utiliser les Jeux et leurs valeurs positives pour faire avancer la France", jure-t-il, parfois un peu grandiloquent.

Avec l'attribution des JO-2024 à Paris, Estanguet va basculer dans une nouvelle dimension. Encore élu pour trois ans au CIO, il pourrait, de l'avis de nombreux membres sous le charme, y faire une bien plus longue carrière et même en viser les sommets.

Lui, n'a comme ambition avouée que de réussir les Jeux parisiens, inspiré par le succès de l'édition de Londres. Ce n'est pas un hasard d'ailleurs, si les observateurs du monde olympique comparent souvent Estanguet au patron des Jeux britanniques: avec Paris-2024, le "Sebastian Coe français" va pouvoir imposer son nom

source AFP/Africsolprod

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