La nuit de dimanche à lundi s'est déroulée dans le calme dans les quartiers dits "sensibles" de Nantes après plusieurs nuits de violences consécutives à la mort d'Aboubakar Fofana, tué par un policier lors d'un contrôle.
En milieu de nuit, un seul véhicule avait été incendié à Rezé, au sud de l'agglomération, selon la police.
Ce bilan confirme la tendance à l'apaisement constatée dans la nuit de samedi à dimanche où 19 véhicules avaient brûlé, contre plusieurs dizaines les nuits précédentes.
La nuit de vendredi à samedi avait déjà été plus calme que les précédentes avec 35 véhicules incendiés dans toute l'agglomération et seulement un bâtiment public touché par un départ de feu.
Les trois premières nuits, plus d'une cinquantaine de voitures avaient à chaque fois été incendiées mais aussi de nombreux commerces et bâtiments publics dans toute l'agglomération, notamment des mairies annexes, maisons des habitants, lycée, école, etc.
A Paris dimanche, un collectif a mobilisé une centaine de personnes, scandant "vérité et justice pour Abou" et "police partout, justice nulle part", devant la gare du Nord, pour dénoncer un "racisme d’État".
"Faire des émeutes, ça ne sert à rien, mais on est là pour s'exprimer et dire que la police a encore commis une infraction et qu'il n'y a pas de justice", a déclaré à l'AFP Fissiaou Sambou, qui s'est présenté comme un ami d'enfance de la victime, originaire comme lui de Garges-lès-Gonesse, en région parisienne.
- "Population maltraitée" -
Le chef de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a estimé dimanche que ces violences résultaient de "l'exaspération" d'une "population maltraitée". "Le point de départ c'est une population qui est maltraitée et qui ensuite se trouve confrontée à des forces de l'ordre exténuées, trop armées, et (qui) en viennent à des gestes qu'ensuite toute la profession déplore", a-t-il affirmé au Grand Rendez-vous d'Europe 1-Les Echos-CNews.
Le chef de file des députés LR Christian Jacob a estimé que ces violences étaient "inadmissibles".
"On ne peut pas confondre l'émoi et les voitures brûlées. Ils y sont pour quoi les personnes qui ont vu leurs voitures partir en fumée dans ces quartiers souvent populaires, où ils ont du mal à acheter une voiture, à se loger?", a demandé le député de Seine-et-Marne, au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI
La famille du jeune homme tué par le CRS a annoncé qu'elle se constituerait partie civile dès lundi. Le policier auteur du tir a été mis en examen vendredi pour "coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et remis en liberté sous contrôle judiciaire, conformément aux réquisitions du procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès.
En garde à vue, le brigadier-chef a reconnu avoir menti lors de sa première audition libre où il a invoqué la légitime défense. Le CRS a indiqué "qu'en réalité il (avait) tenté de se pencher dans l'habitacle du véhicule conduit par le jeune pour saisir le volant et essayer d'arrêter la manœuvre" de fuite engagée par le conducteur, a relaté le procureur. "C'est à ce moment là (...) que le coup de feu est parti accidentellement pour toucher mortellement le conducteur", avait déclaré vendredi M. Sennès.
Aboubakar Fofana, sous le coup d'un mandat d'arrêt pour "vol en bande organisée, recel et association de malfaiteurs", a été touché au cou par le tir du policier mardi vers 20H30. Il est mort peu après à l'hôpital.
- "Incompréhension" -
"C'est incompréhensible que le policier soit remis en liberté" sous contrôle judiciaire, a estimé Saïd, un responsable associatif habitant du Breil. Même "incompréhension" pour le chef d'inculpation: "On tue sans faire exprès alors", a-t-il lancé.
"Comment ça peut être un tir accidentel quand tu as sorti ton arme et déclenché la sécurité ?", s'est-il interrogé, estimant que la nouvelle version du policier est "un second mensonge". "On est en train de récolter des témoignages et personne n'a vu de prétendu corps-à-corps. Le policier était debout, mains tendues et a fait +boum+", selon Saïd.
S/AFP/AFRICSOL
Commentaires