La CAN, qui se déroulera du 21 juin au 19 juillet en Egypte, se disputera pour la première fois à vingt-quatre équipes. Passage en revue des sélectionnées.

La nouveauté a toujours des vertus rafraîchissantes. L’Europe, la première des confédérations à valider le principe de l’élargissement de l’Euro de seize à vingt-quatre participants, avait vu débarquer, lors de l’édition 2016 en France, quelques novices à ce niveau (Albanie, Irlande du Nord, Pays de Galles).

Cette année, après l’Asie en janvier et février, où quelques sélections s’étaient invitées pour la première fois en phase finale, l’Afrique va inaugurer en Egypte sa nouvelle formule votée en juillet 2017. Et cela va permettre à trois pays – Madagascar, Mauritanie et Burundi – de goûter pour la première fois au parfum si particulier d’une phase finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN).

Miser sur la stabilité

Les deux premiers pays y avaient assuré leur présence depuis l’automne 2018. Samedi, le Burundi les a rejoints, en éliminant le Gabon de Pierre-Emerick Aubameyang. « Le principe de l’élargissement de la phase finale va dans le sens des changements que l’on constate dans le football moderne. La Coupe du monde 2022 devrait se jouer à quarante-huit, et l’Afrique en profitera, puisque le nombre de ses représentants passera de cinq à neuf, observe le Français Bertrand Marchand, ancien entraîneur de l’Etoile du Sahel de Sousse, de la sélection tunisienne et du Raja Casablanca. Il est donc assez logique que des équipes qui ne se seraient peut-être pas qualifiées pour une CAN à seize l’aient fait cette fois-ci. Mais cela vient valider également le travail qui a été fait dans plusieurs pays depuis des années. »

Ces trois sélections, dont la présence sur la scène continentale était encore erratique au début de la décennie, ont misé sur la stabilité plutôt que de tomber dans le piège du changement perpétuel de staff technique. « C’est la preuve que, dans plusieurs pays, on travaille bien, et pas toujours avec de gros moyens, intervient l’Algérien Adel Amrouche, ancien sélectionneur du Burundi de 2007 à 2012. Au Burundi, je suis resté cinq ans. On a pu mettre des choses en place, avec des joueurs que j’ai pour certains dirigés et qui ont pris part à cette qualification. Il faut du temps pour construire. Si on change de coach à la moindre contre-performance, c’est difficile d’avancer. »

 

Un constat valable également pour des pays – Tanzanie, Bénin, Namibie, Angola, Kenya – de retour en phase finale, après des absences plus ou moins longues, et pour ceux – Guinée-Bissau, Ouganda, Zimbabwe – qui ont validé leurs progrès en se qualifiant pour leur deuxième CAN consécutive.

Tous les grands au rendez-vous

Cette nouvelle carte du football africain, évidemment appelée à évoluer dans les prochaines années – « On a vu que d’autres petites sélections telles que la Gambie ou le Lesotho étaient en course jusqu’au bout pour se qualifier », ajoute Adel Amrouche – n’a cependant pas (trop) bousculé la hiérarchie. « Toutes les grosses équipes sont au rendez-vous, même si certaines, comme le Cameroun, la RDC ou l’Afrique du Sud, ont souffert jusqu’au bout. Avoir un nom ne suffira pas toujours », prévient l’ancien sélectionneur. Ces trois anciens champions d’Afrique ont rejoint sur la liste des qualifiés, l’Egypte, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria, qui ont tous remporté au moins une fois le titre le plus convoité du continent, ainsi que le Sénégal, au palmarès toujours vierge.

« Et pourtant, cette équipe est sans doute une des plus fortes du moment, car elle compte dans ses rangs Sadio Mané, qui brille avec Liverpool. Comme l’Egypte avec Mohamed Salah (Liverpool) et le Maroc avec Hakim Ziyech (Ajax Amsterdam), les Lions de la Teranga ont le joueur de classe mondiale qui à mes yeux en fait un des favoris », ajoute Bertrand Marchand, en plaçant le Nigeria et ses qualités collectives parmi ce quatuor de favoris.

Victimes collatérales

Ces qualifications, qui se sont étirées sur dix-neuf longs mois (de juin 2017 à mars 2019), ont bien évidemment fait quelques victimes collatérales parmi des équipes habituées à fréquenter les phases finales. On pense au Burkina Faso, finaliste en 2013 et troisième en 2017, au Gabon, à la Zambie, championne d’Afrique en 2012, au Togo ou encore au Congo.

L’élimination des deux premiers a sonné comme un véritable coup de tonnerre, ce qui n’a toutefois pas vraiment surpris Paul Kessany, l’ancien capitaine des Panthères du Gabon. « Sur le papier, les Gabonais étaient supérieurs au Burundi. Seulement, nous avons accumulé trop d’erreurs ces dernières années. Dans le choix des sélectionneurs, comme l’Espagnol Camacho qui ne venait au pays que pour les matchs, un choix qui revenait au pouvoir politique et aux proches d’Ali Bongo. Dans le management des joueurs, puisque certains font à peu près ce qu’ils veulent. Et cela ne renforce pas la cohésion du groupe, bien au contraire. » A Libreville, Lomé, Brazzaville ou Ouagadougou, ces échecs, plus ou moins surprenants, pourraient ne pas rester sans conséquences.

La liste des qualifiés : Egypte, Tunisie, Sénégal, Madagascar, République démocratique du Congo, Zimbabwe, Guinée, Côte d’Ivoire, Namibie, Guinée-Bissau, Kenya, Ghana, Ouganda, Tanzanie, Algérie, Bénin, Nigeria, Afrique du Sud, Maroc, Cameroun, Mali, Burundi, Mauritanie et Angola.

S/LMA/Afric'sol

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