Le premier ministre craint que les heurts provoquent « une crise ethnique et religieuse ». Fin octobre, 86 personnes sont mortes dans l’Etat de l’Oromia.
Melat Yirgu est inconsolable. Assise sur un matelas, entourée de ses proches, elle a du mal à comprendre ce qui a poussé cette bande de jeunes à battre à mort son frère aîné, Ayele, jeudi 24 octobre. « Je suppose que cela lui est arrivé en raison de son appartenance ethnique ou religieuse », remarque-t-elle dans la propriété familiale d’Adama, à 76 kilomètres de la capitale, Addis-Abeba, où de nombreux visiteurs sont venus réconforter la famille pendant la période de deuil.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, c’est la première fois que des violences prennent une tournure aussi tragique dans sa ville de plus de 300 000 habitants, où les groupes ethniques et religieux ont longtemps cohabité paisiblement. Mais, ces derniers temps, les tensions ethniques s’aggravent, au point que certains observateurs mettent en doute la capacité du premier ministre, Abiy Ahmed au pouvoir depuis avril 2018 et tout juste distingué du prix Nobel de la paix, à maîtriser cette escalade. Dimanche 3 novembre, à la télévision, ce dernier a défendu sa position consistant à donner priorité au dialogue et non à la force.
Fin octobre, 86 personnes sont mortes dans l’Etat régional de l’Oromia, selon le dernier bilan officiel. Dix personnes ont été tuées par les forces de sécurité et les autres ont été lapidées, battues à mort ou atteintes par balles lors de confrontations entre civils, d’après la Commission éthiopienne des droits humains. Abiy Ahmed a dénoncé une « tentative de transformer la crise actuelle en une crise ethnique et religieuse ». Il a affirmé, dimanche, que 40 chrétiens et 34 musulmans figuraient parmi les morts.
Un coran déchiré
Dans l’Oromia, trois églises et une mosquée ont été attaquées, selon la police. A Adama, où 16 personnes sont mortes.
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