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Virginie Ehonian, entrepreneuse d’origine ivoirienne, s’attache à défricher la scène artistique contemporaine à travers un blog et un coffret consacrés aux cultures noires.
 
C’est au BHV Marais, grand magasin parisien, que l’on retrouve Virginie Ehonian. L’enseigne accueille une expo-vente tournée vers la création africaine et chapeautée par le marchand d’art Jean-Philippe Aka. Pour quelques jours, ce dernier lui a confié les clés de la petite salle de L’Observatoire, au cinquième étage de l’établissement, où se tient l’exposition.

Derrière son stand et au milieu des œuvres, la trentenaire semble parfaitement dans son élément, elle qui tient depuis six ans un blog, africanlinks.net, pour évoquer les expositions et les acteurs de la scène artistique contemporaine. Sur l’un des murs, des photographies du Malien Malick Sidibé, l’un des artistes qu’elle a découverts lors de son stage chez le galeriste André Magnin en 2010.

Une expérience qui fut aussi l’occasion de se pencher sur le travail de Chéri Samba, Seydou Keïta ou encore J. D. ’Okhai Ojeikere. « Je ne savais rien d’eux. Je me suis rendu compte qu’ils me permettraient de me redécouvrir et de m’accepter en tant que femme noire et africaine, mais aussi de saisir toute la richesse de la création en Afrique », explique la blogueuse.

Un mélange d’élégance et de style

Robe moulante bleu ciel, rouge à lèvres couleur prune, boucles d’oreilles rectangulaires jaune vif assorties à une paire de sandales aux talons compensés… Étant donné son look ultrastylisé, on a vite fait de s’imaginer une personnalité extravertie. D’autant qu’elle est partout. Elle a notamment participé à l’édition 2016 du forum Land of African Business et aux conférences-débats de l’Association pour l’art et la culture subsaharienne, Orafrica.

Elle collabore avec des enseignes de la mode comme Pagnifik. Et on l’aperçoit dans le clip Femme africaine du rappeur Mokobé. Mais en réalité la jeune femme semble plutôt réservée. « Je crois que cela me vient de mon éducation », lance-t?elle en faisant claquer ses longs doigts aux ongles manucurés.

Une éducation qu’elle doit à sa mère ivoirienne également à l’origine de son attrait pour l’art contemporain. « Petite, elle m’achetait toutes sortes de livres sur le sujet. Plus tard, j’ai voulu devenir styliste. Mon père n’étant pas d’accord, je me suis tournée vers les arts plastiques », explique cette diplômée d’un master en coopération artistique internationale, spécialisation Afrique et Moyen-Orient.

 

La Nooru Box, une nouveauté  culturelle

Sur son stand, quelques boîtes en papier kraft appelées « Nooru Box » (« boîte de lumière », en swahili). Avec ce coffret lancé en 2016 et vendu 39,90 euros, Virginie Ehonian entend faire découvrir quelques-uns de ses coups de cœur culturels sous un prisme historique et divertissant.

« Nooru Box est une extension physique de mon blog. Je propose des livres, des disques, des DVD, des entrées pour des expositions et des concerts, des tickets de cinéma, des accessoires et autres goodies en rapport avec les cultures noires. »

Jusqu’ici, la jeune femme a lancé cinq Nooru Box, produites en série limitée de 20 à 30 exemplaires. Si son concept séduit, elle admet que sa petite entreprise démarre timidement.

À 19 heures, il est temps de remballer. On aperçoit sa lecture du moment : Réfléchissez et devenez riche, de l’Américain Napoleon Hill. Voilà qui donne déjà une idée de ce qui se joue dans la tête de l’entrepreneuse. D’ailleurs, le logo de son coffret est un symbole Adinkra de l’alphabet akan ghanéen qui signifie prospérité, ou encore commerce entre les peuples.

« Si je suis attachée au Ghana, c’est parce que ma mère y est née. Elle vient d’un village situé à la frontière avec la Côte d’Ivoire. » La jeune femme s’est rendue à Abidjan à plusieurs reprises, mais elle sait qu’elle a encore beaucoup à découvrir du continent.

Virginie Ehonian, une globe trotteuse africaine

Prochains voyages, sans doute le Ghana et l’Afrique du Sud, pays « incontournables ». Après avoir restitué les clés de L’Observatoire, elle s’installe dans un café. Sur fond de musique latino, elle raconte ses expériences au sein de la Raw Material Company, centre d’art contemporain de Dakar, son travail sur les deux premières éditions de la foire 1:54 de Londres ou ses passages à la Biennale de Venise.

Bosseuse multitâche, entre blogging et entrepreneuriat, elle écrit pour quelques revues culturelles comme Africultures ou Intense Art Magazine. « Mais je ne veux pas être estampillée spécialiste de l’art contemporain africain », souffle-t?elle avant de reprendre une gorgée de jus de tomate.

« Je ne cherche qu’à établir des relais entre artistes, public et collectionneurs. En France, l’effervescence autour de ces créateurs ne dépasse pas encore le cadre de l’exposition et de l’événementiel. » Aussi prône-t-elle la fin des expositions exclusivement consacrées à des artistes africains. « Se revendiquer de l’art contemporain africain est un danger pour les artistes eux-mêmes. Il faut pouvoir les inscrire dans des sphères plus universelles. » Et si l’écrin marketing cachait une militante ?

source jeuneAfrique/Africsolprod

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