En fins connaisseurs de foot, les abonnés de notre fil spécial pour la compétition panafricaine s’expriment à cœur ouvert et livrent leurs analyses.
« Je suis sénégalais et souhaite la victoire à mon équipe », observe un abonné « mais, la prestation que les Lions nous ont servie lors des trois premières rencontres est médiocre. Par ailleurs, je n’arrive pas à comprendre le coaching d’Aliou Cissé, très complaisant envers certains joueurs, dur avec d’autres. Comment peut-on se permettre de faire entrer un Moussa Konaté ou un Sada Thioub (improductifs et nuls) alors que, sur le banc, vous avez Keita Baldé ou encore Mbaye Diagne ? ». Ce même supporter rêve de demander à Aliou Cissé : « Quel est au juste votre problème avec l’attaquant Keita Diao Baldé ? » Une question impertinente, certes, mais assez récurrente.
« Gérer une grande équipe »
Si la déception est importante, c’est que les espoirs étaient élevés. Ainsi, Seydi Diallo, un jeune enseignant reste lui aussi « persuadé que le Sénégal est la meilleure équipe » mais regrette « que ça ne se reflète pas dans le jeu ». Selon lui, « les joueurs manquent d’agressivité, ils peinent à s’imposer ». L’enseignant de Kaolak fait aussi reposer la faute sur les épaules du coach, estimant qu’« Aliou Cissé n’a pas le niveau pour gérer une grande équipe » : « C’est une légende du football africain mais pas un grand technicien. »L’enseignant pointe aussi un autre responsable, ne craignant pas en quelques mots de démolir un mythe : l’idole des supporteurs sénégalais. « Sadio Mané ne prend pas ses responsabilités de meneur d’équipe comme le font Mohamed Salah (Egypte) et Moussa Marega (Mali) », pointe-t-il. Pire, à ses yeux, « Diao Baldé joue mieux sans Mané. Seul, il prend ses responsabilités de chef d’équipe et donne tout mais, avec Mané, il se considère comme second et hésite. Ben, c’est fou mais je préfère Diao partant sans Mané et ce dernier sur le banc », conclut l’enseignant qui se doute bien que son avis ne fera pas l’unanimité.
Un journaliste sénégalais, qui ne donne pas son nom, va plus loin, s’interrogeant sur les échecs successifs du Sénégal à la CAN. « Pourquoi la CAN fuit-elle les Lions de La Teranga depuis 1963 ? »,demande-t-il, avant d’apporter sa réponse : « Depuis sa première participation, le Sénégal est parmi les favoris, mais la déception s’ensuit à chaque fois : la génération de Caire 86, Sénégal 92, celle des El Hadji Diouf Fadiga », cite-t-il… les Sénégalais passent à chaque fois à côté de la victoire. Une aberration qu’« avec cette pléiade de bons joueurs, les Lions de La Teranga n’aient disputé que trois demi-finales et une finale. Cette année, avec Sadio Mané, Kalidou Koulibaly et les autres, l’équipe passe pour la meilleure sur le papier, mais la réalité du terrain démontre que ces Lions sont loin d’être intouchables. Ils ont été ballottés par la Tanzanie et le Kenya avant de perdre devant l’Algérie ». Et un autre commentateur d’ajouter : « Aucun style de jeu. On dirait une équipe de D6. »
En fait les WhatsAppeurs font volontiers le procès des grands noms, rappelant leur « déception de la part des ténors qui n’ont pas encore sorti le grand spectacle ». Si Sadio Mané est cité en dépit de ses deux buts marqués durant le dernier match, il n’est pas le seul. « Ma déception, c’est Hakim Ziyech », observe Mohamed Elkorri, un supporteur du Maroc. « Vu que sa prestation avec les Lions de l’Atlas durant la phase des poules n’est pas comme celle qu’il a offerte avec l’Ajax Amsterdan en Ligue des champions… J’espère qu’il va se rattraper à partir des huitièmes de finale », ajoute celui qui reste tout de même fan.
En fait, c’est du beau spectacle que réclament ces passionnés qui s’interrogent sur qui l’amènera dans les prochains matches. Pas la Côte d’Ivoire, si l’on en croit, Félix Yao, fan des Elephants qui se demande « s’ils ont encore les ressources pour aller loin » au vu de leurs prestations lors de cette CAN 2019. Balde Lamarana, lui, craint que le niveau reste faible après ces éliminatoires. « Ma déception,explique-t-il, c’est le niveau de jeu produit dans l’ensemble des matches. Le jeu reste fermé, cadenassé même par rapport aux CAN précédentes. » Faut-il croire l’explication de Fred Eboko, pour qui « il n’y a aucune compétition internationale continentale qui regroupe autant de joueurs de seconde zone : 3e division portugaise ou espagnole, L2 française, Ligue One, 2e division belge, etc. » ? « Les Africains confondent le fait d’être professionnel et le niveau international, insiste notre abonné. En voyant Seissegnon dans l’équipe du Bénin, j’ai l’impression de voir un professionnel de haut niveau avec de valeureux amateurs. Choupo Moting tant moqué pour ses limites techniques au PSG est l’un des joueurs les plus accomplis techniquement de l’équipe du Cameroun. C’est dire… Le niveau au sein des équipes est tellement inégal que l’on assiste à l’inversion radicale du mot “sélection nationale”. Se côtoient des joueurs de très haut niveau et des joueurs vaillants qui n’auraient jamais joué une compétition internationale il y a quelques années. »
« Sidéré par la prestation »
Fort heureusement tout de même, quelques équipes tirent leur épingle du jeu. Trois noms se distinguent : le Bénin, le Mali et, évidemment, Madagascar.
« Je suis sidéré par la prestation des Ecureuils du Bénin, observe un abonné WhatsApp. Invaincus depuis le début du tournoi, ils ont joué quasiment des matches nuls contre des champions d’Afrique. Sans oublier qu’ils ont battu l’Algérie aux éliminatoires. Pour une première fois dans l’histoire, le Bénin est qualifié pour les huitièmes de finale. Allez les Ecureuils ! », poursuit-il pendant qu’un compatriote reconnaît que son pays lui « a fait plaisir ». Et d’enchaîner : « Certes, la manière n’y était pas, mais les trois matches nuls nous ont permis de passer le premier tour… La mission est déjà accomplie. Tout ce qui viendra comme succès ne sera que la cerise sur le gâteau. »
Les Maliens, heureux de voir l’évolution des Aigles, sont assez contents d’eux. « Je suis du Mali, donc supporteur de l’équipe du Mali. Je pense que l’on progresse bien et que l’on peut se qualifier, et même gagner la coupe », se prend à rêver Doums, qui conclut toutefois son message à la rédaction du Monde Afrique par un très sportif :« Bravo aux Malgaches pour leur qualification ! » Car la vraie révélation, c’est bien celle des Zébus, petite équipe silencieuse et modeste qui grimpe match après match. « Très impressionné par les Malgaches qui jouent sans complexe et qui me rappellent le parcours des Lions de la Teranga en 2002 », résume ainsi Badou. Souvenons-nous qu’en 2002, les Lions sénégalais avaient terminé sur la deuxième marche du podium.
S/LMA/Afric'sol
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