L'incertitude sur la participation de la Russie, accusée de dopage à grande échelle, et le risque de canicule assombrissent la dernière ligne droite des Jeux olympiques de Tokyo (24 juillet-9 août), à six mois de la cérémonie d'ouverture.
Tokyo-2020 a cependant su éviter les problèmes d'organisation qui ont miné de précédents JO: "Je n'ai jamais vu une cité olympique aussi bien préparée" avait loué l'an dernier Thomas Bach, le président du Comité international olympique (CIO).
Les travaux de construction ou de rénovation des sites olympiques ont été menés dans les temps et sont quasiment terminés, et les billets pour l'événement se vendent comme des petits pains, y compris pour les Paralympiques (25 août-6 septembre).
Cependant, des éléments externes pourraient gâcher une partie de la fête l'été prochain. A commencer par l'exclusion de la Russie de toute compétition sportive internationale pendant quatre ans, prononcée le mois dernier par l'Agence mondiale antidopage (AMA).
La Russie a fait appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de cette sanction de l'AMA, qui accuse Moscou d'avoir pratiqué un dopage d'Etat en manipulant les données de contrôles antidopage de ses athlètes.
- Eviter une "totale confusion" -
Lors des Jeux de Rio en 2016, le CIO avait décidé de laisser chaque fédération sportive internationale statuer au cas par cas sur la participation des athlètes russes. Et lors des Jeux d'hiver de Pyeongchang (Corée du Sud) en 2018, le CIO avait suspendu la Russie tout en invitant individuellement des athlètes du pays à concourir sous drapeau neutre.
Encore moins prévisible que le sort des athlètes russes: la météo, devenue un énorme casse-tête pour les organisateurs nippons qui redoutent une possible canicule l'été prochain.
En 1964, les précédents JO de Tokyo s'étaient tenus en octobre, précisément pour éviter la chaleur et l'humidité extrêmes écrasant généralement la capitale en été, un phénomène qui s'est accentué ces dernières années.
Des médecins ont averti des risques de décès lors des Jeux liés à des coups de chaleur, tant pour les athlètes que pour les spectateurs et le personnel.
Les épreuves tests des JO l'été dernier ont donné aux organisateurs un avant-goût de ce qui pourrait arriver de pire: la triathlète française Cassandre Beaugrand a été hospitalisée en raison d'une insolation, une douzaine de personnes ont aussi été prises de malaises après une course d'aviron, tandis qu'un ouvrier est décédé début août sur un chantier des JO, très probablement à cause de la chaleur.
- Marathon délocalisé -
Le Comité d'organisation (Tokyo-2020) a testé différentes techniques pour lutter contre la chaleur --neige artificielle, brumisateurs, nouveau revêtement de route, distribution gratuite d'éventails et de serviettes pour s'éponger--. Les horaires de plusieurs épreuves ont aussi été avancés en matinée, pour éviter le soleil de plomb de l'après-midi.
Mais ces efforts n'ont guère convaincu le CIO qui a délocalisé les épreuves du marathon et de marche, à Sapporo, à 800 km au nord de Tokyo, où les températures estivales sont censées être plus clémentes.
Ce choix du CIO a été accepté de mauvaise grâce à Tokyo. "C'est une décision sans accord", a grincé en novembre dernier la maire de la capitale, Yuriko Koike, qui comptait sur l'épreuve phare du marathon pour promouvoir sa ville devant les caméras du monde entier.
Les organisateurs préparent aussi des plans d'urgence en cas de catastrophe naturelle, alors que l'archipel nippon est situé sur l'une des zones sismiques les plus actives au monde et qu'il est approché ou balayé par une dizaine de typhons par an, dont certains peuvent être très violents.
En octobre dernier le puissant cyclone Hagibis a fait près de 100 morts au Japon et a entraîné l'annulation inédite de trois matches de la Coupe du monde de rugby, qui se déroulait alors dans l'archipel.
Mais tous ces obstacles ne semblent pas entamer la détermination du Japon: "Nous ferons tout ce qui est possible (...) pour faire des Jeux un succès", a martelé la semaine dernière devant les médias la ministre des Jeux olympiques, l'ancienne athlète Seiko Hashimoto.
S/AFP/AFRICSOL
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