La tombe de Cloclo, ornée d'une statue de bronze à son effigie, croule sous les fleurs en ce dimanche printanier, à Dannemois. Quarante ans après sa mort, Claude François suscite toujours autant l'admiration malgré une image controversée.
Ses fans, qui s'étaient donnés rendez-vous dans ce village de l'Essonne, où il avait sa résidence principale, pour commémorer sa disparition, entendent bien défendre la mémoire de leur idole.
Devant le mausolée, ils se succèdent pour déposer une gerbe. Décédé le 11 mars 1978 en pleine gloire, électrocuté dans sa salle de bain, Claude François fait toujours aujourd'hui l'objet d'un culte qui ne faiblit pas.
Dans les rues du village, des sosies plus ou moins ressemblants de Cloclo se promènent au milieu des centaines de fans et les tubes du chanteur résonnent dans les étals de vente de fleurs ou de merguez.
Ici, les polémiques au sujet de la vie de Claude François, comme son attrait pour les jeunes filles ou son autoritarisme supposé, sont balayées d'un revers de main.
"Claude François était quelqu'un d'extrêmement généreux. Alors oui, il piquait des crises, comme tout le monde, mais après, il ne savait pas comment se faire pardonner", explique Jonathan, 28 ans seulement mais intarissable sur la vie de Claude François, qu'il admire. "Je défendrai sa mémoire jusqu'à ma mort", martèle-t-il.
Plutôt que tyrannique, Jonathan préfère parler d'un homme "exigeant et avant tout envers lui-même". Et puis "Claude, qui était un artiste mais également un PDG, était très généreux avec son public", poursuit-il.
- "C'est notre patrimoine" -
L'évocation de son attrait pour les adolescentes met en colère Nicole et Céline, toutes deux vêtues d'un sweatshirt à l'effigie de leur idole. "Il ne s'est jamais caché d'aimer les jeunes femmes", assène Céline, venue de Toulon (Var).
"Les filles se bousculaient pour aller dans son lit, il n'en a jamais forcé aucune", abonde Nicole, qui l'a suivi partout de son vivant. Comment pouvait-il savoir à chaque fois l'âge des groupies qui se retrouvaient dans son lit ? interrogent-elles.
En février, Julie Boquet, une "fille cachée" de Claude François, expliquait dans un documentaire que sa mère, Fabienne, avait eu à 15 ans une relation d'un an avec le chanteur. "Elle lui a menti sur son âge: il était convaincu qu'elle avait 18 ans", affirmait la jeune femme pour devancer les critiques.
"On aime casser du sucre sur le dos de Claude François", explique Jonathan alors que "vous auriez vu Johnny Hallyday sur scène dans les années 1980, on aurait dit une fille de joie". Son amie Marie a une théorie pour expliquer cette rancoeur: Cloclo pâtit de son image d'homme de droite, dédaigné par les intellectuels. "Je pense que c'est compliqué d'être de gauche et d'aimer Claude François", assure-t-elle.
Avec 32 millions de disques vendus depuis sa mort, presque autant que de son vivant, sa popularité ne se dément pourtant pas, même auprès des jeunes générations.
Dans la salle des fêtes pleine à craquer, tapissée d'affiches et de photographies de Cloclo, des adolescentes grimées en "Claudettes" interprètent un spectacle en dansant sur "Cette soirée-là" ou "Les magnolias".
Un peu plus loin, dans le moulin où vécut la star, la queue s'allonge pour participer à l'une des nombreuses visites organisées. Véritable lieu de pèlerinage, cette bâtisse du XIIe siècle, avec sa roue et son pont de bois situés dans un cadre bucolique, servait de havre à la vedette entre deux tournées.
Un spectacle s'y tient d'ailleurs dans le restaurant, avec en guise d'ambianceur le sosie officiel de la défunte star, Franck d'Auria. A 120 euros le billet, le show affiche complet depuis plusieurs mois.
"Claude plaisait à trois générations, résume Jonathan. C'est notre patrimoine. Tous les jours, j'ai une pensée pour lui".
S/AFP/AFRIC'SOL
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