Dans "Une vie cachée", l’ermite du cinéma américain évoque le destin, pendant la seconde guerre mondiale, de l’objecteur de conscience autrichien Franz Jagerstätter. Résultat : une fiction contemplative et fiévreuse qui devrait enflammer le jury. Pas de doute, ce film a une tronche de palme d'or!
Fidèle à lui-même, avec une inspiration thématique et stylistique qui rappelle ses meilleurs films (Les moissons du ciel, La ligne rouge), Terrence Malick filme l’attente, l’absence, l’espoir et entraîne le spectateur dans un long et sublime poème visuel où il brusque la chronologie du récit pour mieux épouser les états d’âme et les blessures intimes de son personnage principal et de ses proches. Méditation sur le mal, la résistance et le sacrifice, Une vie cachée remet sur le métier les obsessions de toujours de Terence Malick, un metteur en scène qui filme comme personne la nature, l’élévation morale et, plus prosaïquement, l’amour profond qui lie ses protagonistes : des humbles qui résistent tant mal que bien à la folie du monde. Si la solennité, voire la grandiloquence des œuvres complètes du « maître » a parfois pu indisposer par le passé, la grâce et la beauté fiévreuse qui hantent Une vie cachée balaient les réticences. Ce grand film à la fois sensoriel et métaphysique, enchanteur du premier au dernier plan, compte de sérieux atouts pour séduire le jury 2019 du Festival qui compte en son sein de nombreux cinéastes formalistes passionnés par les tumultes de la grande Histoire : du président Alejandro Gonzales Inarritu à Pawel Pawlikowski, auteur, l’an passé, de Cold War, un film sur un couple aux prises avec les déraisons de leur époque (les années de la guerre froide) qui dialogue secrètement avec Une vie cachée. Verdict samedi prochain.
Une vie cachée, de Terrence Malick, avec August Diehl, Maria Simon... Sortie à la rentrée.
S/Par Olivier De Bruyn, à Cannes/Marianne/Afric'sol
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