Dix-sept personnes, dont des Sud-Africains et des Egyptiens, ont été blessées, dimanche, dans une attaque à la bombe près des pyramides de Gizeh.

 
Au moins dix-sept personnes, dont des touristes sud-africains et des Egyptiens, ont été blessées, dimanche 19 mai, dans une attaque à la bombe prés des pyramide Gizeh, au sud-ouest du caire.

Cette attaque encore non revendiquée, près de l’un des sites les plus visités d’Egypte, met plus que jamais la sécurité au centre des préoccupations des autorités locales alors que le pays doit accueillir, du 21 juin au 19 juillet, une compétition de football, la Coupe d’Afrique des nations ; vingt-quatre sélections africaines sont attendues à cette occasion sur six sites, dans la capitale notamment.

 

L’engin explosif a détoné au passage d’un autocar de tourisme, près du chantier du nouveau musée des antiquités égyptiennes, au pied des pyramides.

« L’explosion d’un objet a brisé les vitres d’un bus qui transportait vingt-cinq personnes venues d’Afrique du Sud, et d’une voiture qui transportait quatre Egyptiens. Certains passagers des deux véhicules ont été légèrement blessés à cause des vitres brisées et ils ont reçu des soins médicaux », a rapporté une source de sécurité à l’Agence France-Presse (AFP). Selon une source judiciaire citée par l’agence Reuters, le dispositif, rudimentaire et contenant des clous et des pièces métalliques, a été déclenché à distance.

Allégeance à l’organisation Etat islamique

Lors d’une attaque similaire, en décembre 2018, trois touristes vietnamiens et leur guide égyptien avaient été tués. Une bombe artisanale dissimulée au bord de la route avait été déclenchée au passage du bus dans lequel ils se trouvaient, à environ quatre kilomètres du site de Gizeh. Aucun groupe n’avait revendiqué cette attaque.

Les touristes figurent toutefois parmi les cibles privilégiées des djihadistes, qui mènent une insurrection armée depuis la péninsule du Sinaï, dans le nord-est du pays. Après la destitution par l’armée du président islamiste Mohamed Morsi, en 2013, le groupe Ansar Beït Al-Maqdis a multiplié les attaques, notamment contre les étrangers, les forces de sécurité et les coptes, la minorité chrétienne d’Egypte.

Depuis qu’Ansar Beït Al-Maqdis a prêté allégeance à l’organisation Etat islamique (EI), en novembre 2014, sous le nom de « Province du Sinaï », les djihadistes ont mené plusieurs attaques d’ampleur, et de plus en plus sophistiquées.

En octobre 2015, ils ont revendiqué l’attentat perpétré contre un avion transportant des touristes russes, après son décollage de l’aéroport de Charm El-Cheikh, dans le Sinaï, qui avait fait 224 morts. Le groupe est aussi soupçonné d’avoir perpétré l’attentat qui a tué, en novembre 2017, 305 fidèles de la mosquée Al-Rawdah, près d’Al-Arich, dans le nord du Sinaï, lors de la prière du vendredi, bien qu’il ne l’ait jamais revendiqué.

Potentiel impact sur l’industrie du tourisme

Les opérations militaires d’envergure menées par l’armée égyptienne dans la péninsule du Sinaï depuis 2013 n’ont pas permis de venir à bout de cette insurrection.

Les organisations de défense des droits de l’homme dénoncent régulièrement l’impact de ces opérations sur la population. En mai 2018, après une nouvelle offensive de l’armée, Human Rights Watch pointait de nouvelles démolitions de maisons et de terres agricoles, ainsi que des déplacements forcés d’habitants. Sur l’ensemble du territoire, des centaines de personnes ont été arrêtées et condamnées pour terrorisme. Les ONG de défense des droits de l'hommes accusent le régime du président Abdel Fattah Al-Sissi de recourir à la torture et de ne pas assurer des procès équitable aux personnes poursuivies.

Une recrudescence des attaques terroristes pourrait affecter l’industrie égyptienne du tourisme, en plein essor après plusieurs années de marasme.

Les soubresauts politiques qui ont suivi la révolution du 25 janvier 2011, qui avait entraîné la chute de l’ancien président Hosni Moubarak après trente ans au pouvoir, ainsi que la menace terroriste, ont porté un coup dur à ce secteur crucial pour l’économie du pays. De 14,7 millions en 2010, le nombre de visiteurs était tombé à 5,3 millions en 2016.

L’industrie touristique s’est redressée lentement à partir de 2017, l’Egypte accueillant cette année-là 8,3 millions de visiteurs. Le Grand Musée égyptien, qui doit ouvrir ses portes en avril 2020, devrait être le plus grand conservatoire d’égyptologie du monde avec quelque 100 000 objets d’exposition, dont la collection de Toutankhamon.

S/Hélène Sallon LMA/Afric'sol

 

Commentaires