Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tentative de viol après la plainte d'une femme visant Damien Abad pour des faits qui se seraient déroulés lors d'une fête en 2010, fragilisant la situation politique du ministre des Solidarités.

Le ministre des Solidarités, Damien Abad est désormais aussi dans le viseur de la justice : le parquet de Paris a ouvert une enquête pour tentative de viol après la plainte d'une femme pour des faits qui se seraient déroulés lors d'une fête en 2010. Le témoignage de cette femme, qui a déposé plainte lundi, avait été publié par Mediapart mi-juin sous le prénom d'emprunt de « Laëtitia ». Selon le site d'investigation, il s'agit d'une « élue centriste » qui était, au moment des faits qu'elle dénonce, présidente d'une fédération du mouvement de jeunesse du Nouveau centre, dont Damien  Abad, alors député européen, était le président national.

« L’ouverture d’une enquête préliminaire est une non-information puisque chacun sait que toute plainte enregistrée, fût-elle infondée, prescrite et fermement contestée, est systématiquement suivie de l’ouverture d’une enquête préliminaire », ont affirmé ses avocats Benoît Chabert et Jacqueline Laffont. « Damien Abad prend donc acte de cette suite logique et pourra rapidement démontrer son innocence », ont-ils ajouté. Me Chabert avait assuré mardi sur BFMTV : « les faits qui sont évoqués dans un article de presse sont faux ». Il avait jugé « troublant » que cette plainte soit intervenue « dans les jours qui précèdent le renouvellement du gouvernement »« douze ans » après les faits dénoncés. Lundi, le ministre avait de nouveau contesté les accusations et annoncé déposer une plainte en dénonciation calomnieuse.

L'enquête pour tentative de viol a été ouverte mardi et les investigations ont été confiées à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), selon le parquet de Paris, interrogé par l'AFP. « C'est un très bon signal pour les victimes. Ma cliente a foi en la justice », a réagi mercredi auprès de l'AFP l'avocate de la plaignante Me Raphaële Bialkiewicz. Le soir des faits, selon son récit dans Mediapart, Damien Abad lui a « offert un verre » au fond duquel elle a vu « quelque chose » : méfiante, elle est allée recracher sa gorgée aux toilettes.

NOUVEAU GOUVERNEMENT

Toujours selon ses dires, Damien Abad l'attendait derrière la porte et tout est allé « très vite » : l'eurodéputé l'aurait « poussée dans une pièce en face » puis aurait tenté de la contraindre à une fellation.  « J'avais peur, j'étais sidérée. Je me suis débattue, je l'ai frappé dans le ventre », raconte-t-elle. « Laëtitia » dit avoir finalement pu « se défaire » de son agresseur présumé et sortir de la pièce grâce à l'irruption d'un convive. Il s'agit de la troisième femme à accuser le ministre de violences sexuelles.

L'une d'elles, Margaux (prénom modifié) a déposé plainte à deux reprises, mais ces deux plaintes ont été classées sans suite en 2012, puis en 2017, d'abord pour « carence de la plaignante », puis « faute d'infraction suffisamment caractérisée ». Pour l'autre, Chloé (prénom modifié), qui a dénoncé des faits qui se seraient déroulés lors d'une soirée à l'automne 2010, un signalement avait été effectué par l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles, mais le parquet de Paris avait indiqué fin mai ne pas ouvrir d'enquête « en l'état », faute « d'élément permettant d'identifier la victime des faits dénoncés ». Son témoignage avait en effet été transmis à la justice sous une forme anonymisée.

L'ouverture de cette enquête pose la question du maintien de Damien Abad dans le nouveau gouvernement dont la composition devrait être connue début juillet. Damien Abad, ex-président du groupe LR à l'Assemblée, avait été nommé ministre par Élisabeth Borne et confortablement réélu le 19 juin pour un troisième mandat de député de l'Ain. Mais ces derniers temps, les appels à la démission du ministre se sont multipliés dans les rangs de l'opposition et des associations féministes. Le 20 juin, ce sont ainsi 200 femmes, élues, journalistes, féministes, artistes, qui ont fait une demande en ce sens dans une tribune publiée par Le Monde.

S/M/Africsol

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