PRESIDENTIELLE 2020 Alors qu’il rentrait dans son pays après 6 mois d’absence, l’ancien Premier ministre a dû atterrir au Ghana pour éviter une arrestation

 

C’est un véritable coup de théâtre dans la campagne présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire. Un mandat d’arrêt international a été émis lundi soir par la justice ivoirienne contre l’ex-président de l’Assemblée nationale (2012-2019) et Premier ministre (2007-2010 et 2011-2012) et surtout candidat à la présidentielle, Guillaume Soro, qui devait rentrer en Côte d’Ivoire et dont l’avion a finalement atterri au Ghana.

Son parti ciblé par les forces de l’ordre

Cet événement intervient au terme d’une journée marquée par des interventions des forces de l’ordre pour empêcher les partisans de l’ancien chef de la rébellion de se rendre à l’aéroport pour l’accueillir, ainsi qu’au siège de son parti, Générations et Peuples solidaires (GPS).

Guillaume Soro est accusé de « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat et à l’intégrité du territoire national », a annoncé lundi soir le procureur de la République d’Abidjan, Richard Adou, à la télévision publique. Des « éléments en possession des services de renseignement » établissent « clairement que le projet devait être mis en œuvre incessamment », a-t-il affirmé, sans plus de détails. De plus, cette décision survient près de 24 heures après le départ d’Emmanuel Macron de Côte Ivoire, où il était en visite ce week-end. Guillaume Soro est également visé par une information judiciaire pour « détournement de deniers publics, recel et blanchiment de capitaux portant sur la somme de 1,5 milliard de francs CFA » (environ 2,25 millions d’euros), a déclaré le procureur.

Guillaume Soro, 47 ans, chrétien du Nord ivoirien, a annoncé sa candidature à la magistrature suprême le 18 octobre. Il a longtemps été le meilleur allié du président Alassane Ouattara, qu’il a aidé à porter au pouvoir lors de la crise post-électorale de 2010-2011 avec l’appui des forces rebelles qu’il dirigeait. Mais alors qu’il était Premier ministre, ses relations se sont progressivement dégradées avec le chef de l’Etat, qui voulait brider ses ambitions présidentielles, selon les observateurs, jusqu’à la rupture.

Le principal challenger au président Ouattara

A dix mois de l’élection présidentielle d’octobre 2020, Guillaume Soro était vu comme un challenger sérieux et son retour au pays prévu, après six mois d’absence, était impatiemment attendu par ses partisans pour lancer sa campagne électorale. Après plusieurs heures de confusion sur son arrivée lundi, son bras droit Alain Lobognon a finalement annoncé que son avion avait atterri à Accra, au Ghana, lors d’une conférence de presse improvisée qui a été suivie d’une intervention musclée des forces de l’ordre.

Selon son parti, Guillaume Soro a été « empêché » d’atterrir à Abidjan. Selon une source proche de la présidence ivoirienne, il a choisi lui-même de se dérouter sur Accra, pour éviter une « arrestation à l’arrivée » à Abidjan. Le siège du parti GPS, situé dans une villa de la commune chic de Cocody, à côté de l’ambassade américaine, a été cerné par les forces des policiers et les gendarmes, qui ont tiré des gaz lacrymogènes sur les militants.

Dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts, la présidentielle d’octobre 2020 s’annonce donc tendue.

S/20M/AFRICSOL

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