Il y a quelque chose d’un peu étrange, confinant à une contradiction dans les termes, à décerner, vendredi 11 octobre, le prix Nobel de la paix au dirigeant d’un pays, l’Ethiopie, qui vit dans une peur croissante de voir les troubles dans plusieurs parties de cette nation de plus de 100 millions d’habitants dériver vers une forme de guerre civile.

Abiy Ahmed, le premier ministre éthiopien, est pourtant le meilleur candidat possible, contre vents et marées, pour cette distinction. Non seulement pour ce qu’il a déjà fait en faveur de la paix en Ethiopie et dans la région, mais surtout pour ce qui lui reste à accomplir, bien au-delà. Et, aussi, en raison de ses défauts et faiblesses. 

Thérapie de choc

L’Ethiopie, selon le résumé glacial et récent d’une source haut placée, est « au bord de l’effondrement », parce que s’y multiplient des revendications de nature autonomistes d’un nombre croissant de groupes à travers le pays, au point de menacer sa stabilité.

Abiy Ahmed est souvent accusé de porter une part de responsabilité dans cette dynamique. Sous prétexte que sa politique de libéralisation aurait, en quelque sorte, ouvert la boîte de Pandore des revendications locales au point de mettre en danger le « fédéralisme ethnique » éthiopien, et l’Etat fédéral dont il est le pilier.

Mais raisonner ainsi, c’est négliger deux choses : d’abord, l’Ethiopie était déjà en danger centrifuge avant l’arrivée au pouvoir du nouveau premier ministre, en avril 2018, étant alors engluée dans la violence d’un régime autoritaire aux abois. De plus, Abiy Ahmed, conscient de toutes les contraintes pesant sur le pays, a tenté une thérapie de choc.

S/LMA/AFRICSOL

Commentaires