Que ce soit le fond, la méthode ou le calendrier, rien n’est clair dans la réforme des retraites qu’Emmanuel Macron se dit déterminé à engager rapidement.

Mais qui comprend quelque chose dans le grand brouillard qui entoure une potentielle réforme des retraites ? Lundi 12 septembre, lors d'une rencontre avec des journalistes, Emmanuel Macron s’est montré déterminé à l'enclencher. Et à le faire vite, avec une entrée en vigueur des premières mesures « dès 2023 ». Mais quelles seront exactement les modalités ? Le calendrier ? Les objectifs ? Rien de tout cela n’est clair.

À vrai dire, le flou planait dès la campagne présidentielle. Emmanuel Macron avait inscrit dans son programme le recul de l'âge de départ à 65 ans, avant de rétropédaler dans l’entre-deux-tours, quand il fallait s’attirer les bonnes grâces des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. « Je suis prêt à bouger », disait alors le président-candidat.

UN 49-3 DÈS CET AUTOMNE ?

Le résultat, c’est que les futurs retraités ne savent pas à quelle sauce ils vont être mangés. Plusieurs questions se posent. D’abord, la méthode. Alors qu’Emmanuel Macron vante désormais la concertation à tout va, comme on l’a vu avec son Conseil national de la refondation, il n’exclut pas de passer une réforme des retraites dès cet automne dans le budget de la Sécurité sociale, si besoin en passant en force à l’aide de l’article 49-3 ! L’exact contraire de la nouvelle méthode qu’il prône… Dans cette hypothèse, les syndicats ont prévenu : le pouvoir doit se préparer à un très violent conflit social cet automne.

Ensuite, il y a le fond de la réforme. Le Conseil d’orientation des retraites (COR) a rendu cette semaine un rapport sur les perspectives financières de notre système de retraites. Et on y trouve à boire et manger : partisans comme opposants de la réforme pourront y piocher des arguments.

Que dit ce rapport ? D’abord, c’est une surprise, le système devrait être en excédent en 2021 et 2022. Mais dans les années à venir, le solde se dégraderait et ne reviendrait pas à l’équilibre avant les années 2030. Ensuite, tout dépendra des scénarios économiques et démographiques.

LES EFFETS DE LA RÉFORME TOURAINE

De quoi justifier une réforme ? Pas forcément, car le COR rejette « l'idée d'une dynamique non contrôlée des dépenses de retraite ». Il ne faut pas oublier qu’en réalité, une réforme des retraites est déjà en cours d’exécution : la réforme Touraine faite sous François Hollande, qui allonge progressivement la durée de cotisation. Elle atteindra 43 ans en 2035, contre 42 aujourd'hui. Résultat : si l’âge légal de départ est fixé à 62 ans, l’âge réel de départ approche désormais les 63 ans.

Le système de retraites n’est donc pas en danger de mort. Mais Emmanuel Macron avance un autre objectif : il faudrait travailler plus longtemps pour dégager de l’argent frais, des marges de manœuvre pour financer d’autres chantiers comme l’école ou la santé. Là encore, c'est extrêmement vague, et il est dommage de n’avoir pas posé précisément tous ces paramètres sur la table avant l’élection présidentielle.

S/M/Africsol

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