À l’instar de 2012 et 2017, Jean-Luc Mélenchon proposait ce dimanche une marche pour la VIe République suivi d’un meeting en grande pompe. La place de la République constituait le terrain de ce rassemblement, censé amplifier la dynamique du candidat de l’Union Populaire, lequel apparaissant à quelques encablures seulement du deuxième tour de la présidentielle.

« Dis papa, elle est où la tortue ? » Du haut de ses six ans, à califourchon sur les épaules de son père, le petit Léo ne cherche pas à un animal à carapace dans la foule réunie place la Bastille. Non, le jeune garçon est en quête de Jean-Luc Mélenchon. Autoproclamé « tortue » , du fait de sa lente mais constante progression dans les sondages, le chef de file des Insoumis réunissait ses troupes ce dimanche avec la volonté de réaliser une démonstration de force à trois semaines du premier tour.

Il faudra attendre 14 h 30 pour apercevoir le député des Bouches-du-Rhône, avec une demi-heure de retard sur le rendez-vous prévu. Suivi par une horde de photographes et journalistes, Jean-Luc Mélenchon met en route son cortège. Au sein de cette immense marée humaine se trouvent les principales figures des Insoumis comme François Ruffin, Adrien Quatennens ou Éric Coquerel. Aymeric Caron, soutien du candidat en 2022, fait également partie de cette marche.

La foule se compose également de militants de plus ou moins longue date. René, la soixantaine passée raconte « avoir déjà participé aux marches de 2012 et 2017 ». Pour lui cette fois-ci, « c’est la bonne ». Comme la majorité des manifestants présents, il croit à une qualification pour le second tour. C’est également le cas de Vanessa, primo votante, et sa grand-mère Sylvie. Conquise par le discours de Mélenchon, la jeune femme se dit « fière de voter pour l’Union Populaire ». Mais son plus grand fait d’armes reste d’avoir convaincu son aïeule. Cette dernière a toujours voté à droite, et avait d’ailleurs choisi Fillon en 2017. Ce coup-ci elle va choisir l’Insoumis, « le seul à tenir un discours de vérité et en qui j’ai un minimum confiance aujourd’hui. »

HARO SUR MACRON !

Vers 16 heures, la foule arrive place de la République. Avant l’entrée sur scène de Jean-Luc Mélenchon, d’autres députés LFI s’adressent aux militants présents. Parmi eux Alexis Corbière prononce un réquisitoire contre le bilan du quinquennat d’Emmanuel Macron en matière d’éducation. « Nous allons déblanqueriser l’éducation puis nous allons démacroniser la France » tonne-t-il. Le locataire de l’Élysée cristallise la majorité des critiques.

Devant une foule acquise à sa cause, Mélenchon s’avance et attaque d’entrée le programme du candidat de la République en Marche. « Votez Macron et vous aurez la retraite à 65 ans ou votez Mélenchon et vous aurez la retraite à 60 ans » scande-t-il. L’ancien ministre de Lionel Jospin dénonce aussi le projet qui viserait à voir l’école « transformée en marché ».

Dans le viseur de l’Insoumis se trouve également la gestion de la crise des Gilets Jaunes, d’une rare violence aux yeux du candidat. « Ce quinquennat aura été celui d'une incroyable dérive autoritaire. 2 500 blessés, 32 éborgnés, 5 mains arrachées, une morte » énonce-t-il. Pour terminer cette saillie à l’endroit de Macron, Jean-Luc Mélenchon s’octroie un bon mot : « Marlène Schiappa et Emmanuel Macron reprennent notre vocabulaire et parlent de planification écologique ; Ils feraient mieux de planifier leur sortie. »

SIPHONNER LA GAUCHE POUR ESPÉRER

 

Mais avant d’espérer sortir Emmanuel Macron de l’Élysée, Jean-Luc Mélenchon doit parvenir au second tour. Les sondages l’annoncent entre 12 et 14 % avec parfois deux points de retard sur Marine Le Pen, actuellement qualifiable pour le second tour. Le rêve est donc permis pour les Insoumis, à condition d'attirer davantage les autres électeurs de gauche.

Pour y parvenir, l’Insoumis parle de pouvoir d'achat avec notamment le « Smic à 1 400 € dès le mois de mai » ou « le plein à 1,40 euros ».

La plupart de ses adversaires de gauche le taclent pourtant sur un autre sujet : ses supposées accointances avec Vladimir Poutine. Qu'importe, Mélenchon confirme sa thèse du non-alignement : « Le non-alignement n’est pas la neutralité. Le non-alignement, c’est l’altermondialisme » professe-t-il. Il dédie d'ailleurs « le rassemblement populaire de la Place de la République à la résistance du peuple ukrainien et contre l'invasion russe ».

Pour achever de convaincre les soutiens de ses concurrents, il sort la carte du vote responsable : « Chaque personne est personnellement responsable parce que chaque personne a la clef de la tour qui ouvre la porte du second tour. Ne vous cachez pas derrière les divergences derrière les chefs, ne vous dérobez pas. »

 

Avec plus de 100 000 personnes présentes, selon la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon semble donc avoir réussi son pari en réunissant le plus gros meeting depuis le début de la campagne. Il y a cinq ans, cette manifestation fut l’un des marqueurs de sa percée dans les sondages.

S/M/Africsol

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