Le représentant du HCR pour la Méditerrannée, Vincent Cochetel, appelle l’Europe à faire pression sur les autorités libyennes pour améliorer le sort des migrants.

Entretien. Vincent Cochetel est représentant spécial du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) pour la Méditerranée. Il évoque la situation des migrants en Libye et exhorte l’Europe à s’engager davantage.

Mardi 2 juillet, plus de 50 migrants sont morts lors du bombardement du centre de détention de Tadjourah, près de Tripoli. Malgré cela, le centre est à nouveau utilisé. Que s’est-il passé ?

Environ 250 personnes ont été envoyées à Tadjourah alors que ce centre, à l’image de plusieurs autres dans le pays, se trouve dans un camp militaire. C’est une violation du droit international humanitaire, mais ça fait partie du « business model ». Les 5 000 à 6 000 migrants et réfugiés actuellement détenus dans le pays représentent une main-d’œuvre gratuite. On est dans un pays en guerre, avec un gouvernement dont le pouvoir repose sur quatre milices qu’il ne peut pas se mettre à dos et qui sont souvent celles qui exploitent les réfugiés et migrants dans les centres de détention.

Le HCR dénonce régulièrement les mauvais traitements infligés dans ces centres. N’avez-vous pas l’impression que personne ne vous écoute ?

On ne fait aucun progrès en Libye en ce moment alors qu’il faut des engagements clairs des autorités en faveur des alternatives à la détention. Nous savons que la communauté internationale est inquiète de la situation et sait ce qu’il se passe dans les centres : la malnutrition, l’absence de soins de santé, les pratiques telles que le viol, le tabassage ou les disparitions forcées. Certains réfugiés et migrants monnaient leur liberté, d’autres sont revendus à des passeurs qui vont essayer de les faire partir.

S/LMA/Africsol

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