En proie à une flambée épidémique, l’Inde enregistre 350 000 nouvelles contaminations et plus de 2 000 décès par jour. En France, les ressortissants du pays qui viennent d'atterrir sur notre sol sont soumis à une quarantaine stricte. Tous s'inquiètent pour leurs proches restés sur place.

L’Inde, quatrième pays le plus meurtri au monde (derrière les États-Unis, le Brésil et le Mexique), a perdu le contrôle de l’épidémie de Covid. En proie à une deuxième vague dévastatrice, la nation de Narendra Modi enregistre plus de 3 000 décès par jour et 200 000 morts, selon les données officielles, probablement sous estimées, compte tenu de l’afflux de corps qui défilent dans les crématoriums. Pour Marianne, plusieurs ressortissants indiens témoignent de l'horreur de la situation.

Installé à Lyon depuis dix ans, Manu, 40 ans, originaire du Rajasthan, dénonce la corruption de certains élus indiens : « Notre Premier ministre avait très bien géré la première vague. Tout a dégénéré lorsque le pouvoir a été remis aux présidents de régions. » Et d’ajouter : « Au Rajasthan ou à New Delhi, l’argent a été dilapidé, tandis que dans certaines régions comme Odisha, il a été utilisé à bon escient, notamment pour donner de l’oxygène aux populations » raconte-t-il.

Lors de cette deuxième vague, l'explosion du nombre de cas, imputée notamment à des rassemblements politiques et religieux d'envergure, a submergé les hôpitaux. Une situation qui alarme Pradesh 33 ans, résident à Paris depuis cinq ans et originaire de Hyderabad, capitale de l'État du Télangana. « Il y a clairement une pénurie de bouteilles d'oxygène, et de lits. J'ai perdu plusieurs membres de ma famille, et l’avènement du marché noir de la vaccination me révolte ».

UNE QUARANTAINE STRICTE POUR LES INDIENS ARRIVÉS EN FRANCE

Son dernier voyage à New Delhi, prévu en avril dernier a été annulé pour cause d'épidémie. Depuis il s’est résolu à communiquer uniquement par téléphone avec sa famille. « Mes proches préfèrent rester enfermés. Mieux vaut s'ennuyer pour la vie en restant assis à l'intérieur d’une maison, que d’être mort » lâche-t-il. La mort, Anand l'a vue prendre un ami le mois dernier. « Atteint par le variant, il est mort à 45 ans à cause d'un manque de ventilation dans l'hôpital, ou la chaleur était suffoquante. La situation nous préoccupe tous. Heureusement mon entreprise va me faire vacciner début juin, mais je m'inquiète pour ma famille sur place. »

Deepak Choudary, diplômé d’HEC, est arrivé le 26 avril après un vol Air India en partance de Mumbai. Installé à Paris avec sa famille, il travaille dans une branche numérique de Total. Quelques jours avant son départ, les règles de dépistage exigées par la France sont devenues plus strictes : il a dû se conformer à un test PCR 36 heures avant le vol, contre 72 heures auparavant. « J'ai vu plusieurs familles se tromper dans ce délai et rester bloquées à l'aéroport. En arrivant à Paris on m'a refait un test covid instantané. » Depuis, il est soumis à une quarantaine stricte : la police municipale parisienne vient quotidiennement vérifier à son domicile qu'il respecte bien les règles.

COMPTE À REBOURS

La peur du variant indien pèse aussi sur l'ambiance générale. Pour Amrish, arrivé il y a un mois en France, il ne faut pas pointer les Indiens du doigt. « Nous sommes forcément testés pour arriver en France, je ne pense pas que le risque d'apparition du variant vienne de simples voyageurs comme moi. »

De son côté, l'ARS d'Île-de-France se veut prudente. « Nous travaillons en lien avec les services des aéroports pour détecter systématiquement les variants lors des tests. Hors aéroports, les trois quarts des tests sont aussi "criblés". » indique à Marianne l'agence de santé. « Concernant le variant indien, lors des opérations de contact tracking, il est demandé à chaque personne positive au Covid-19 si elle a récemment voyagé en Inde ou a été en contact avec une personne en provenance de ce pays afin de réaliser un séquençage de son test et de mettre en place des mesures renforcées. »

Jeudi, pour la première fois, le variant indien a été détecté dans le Lot-et-Garonne.

S/M/Africsol

 
 

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